Texte et photos Clément Ducasse
Après avoir fait des meetings de l’USAF (Nellis et Edwards) et des Marines (Yuma), il ne me restait qu’à faire celui de la Navy. Ça sera sur la Naval Base Ventura County (NBVC), plus communément appelée Point Mugu, à l’ouest de Los Angeles. Un des points clés de cet événement était la venue des Blue Angels et des Thunderbirds. Il est plutôt rare de voir les deux formations en même temps.
Arrivée au Point Mugu airshow
Les portes s’ouvrent à 8h sous une fine pluie. Je passe devant les énormes bâtiments de maintenance qui laissent entrevoir des C-130T. Après une brève inspection de sécurité des sacs, un magnifique E-2 Hawkeye nous accueille. Une aviatrice nous invite à lui poser des questions ; c’est une opératrice radar embarqué. Son métier est passionnant, mais demande de ne pas être sujet à la claustrophobie et d’avoir une inébranlable confiance dans les pilotes. En effet, les opérateurs n’ayant pas de hublot, elle ne sait pas ce qu’il se passe dehors. Les décollages et appontages restent des moments forts de chaque mission.
Un tour vers le statique
Le statique est de bonne facture. Tout d’abord, pas moins de cinq Hornet, Legacy et Super nous attendent. Une livrée noire bordée de liserés rouges orne l’un d’entre eux. Un Harrier des essais en vol est également présent. Sur une autre portion du parking, la société ATAC spécialisée dans le « Red Air » expose deux machines : un Hunter, plutôt classique, et un Kfir. Pour ce dernier, c’est la première fois que j’en vois, je n’en rate pas une miette. Un patrouilleur maritime P-3C est présent également ainsi qu’une dizaines d’autres machines diverses.
En place pour le dynamique
Pour les démonstrations aériennes, je suis idéalement placé, dans le Media Center. Devant moi, les deux formations des Blue Angels et des Thunderbirds attendent leur heure. Comme d’habitude, les parachutistes ouvrent le spectacle, et se posent sur les derniers couplets de l’hymne américain.
Nous aurons droit, comme premier acte, à un vol de trois H-60 Blackhawks avec des équipages 100% féminins, une démonstration très bien exécutée. Un dauphin des Coast Guard fera une simulation de Search and Rescue, avec hélitreuillage. Un C130 spécialement modifié en bombardier d’eau sera aussi du spectacle avec un largage de ses réservoirs.
Back en 1942
Un des moments que j’attendais particulièrement était le tableau « Pacific Recreation ». Un North American PBJ-1J Mitchell, la version bombardier torpilleur du fameux B-25 sera en formation avec un F6F Hellcat. un authentique A6M Zero simulera une attaque . Mis à part le Hellcat, ce sont des appareils uniques en état de vol. C’est un plaisir de les voir évoluer ensemble, une vraie tranche d’histoire devant nos yeux. Après l’attaque factice, plusieurs passes seront faites à trois. Puis ce sera en solo, pour que le public en profite au maximum. D’autres performers incluaient un T6 Texan et un Stearman pour les acrobaties, ainsi qu’un des Bo105 de Red Bull pour la version hélicoptère.
Les Thunderbirds entrent en scène
C’est au tour des Thunderbirds de se mettre en spectacle. Tout est chorégraphié. Chaque membre de l’équipe joue sa partition avec précision et minutie. Les pilotes s’assoient et les moteurs se lancent. Leur performance en vol est égale à celle au sol. Précise et puissante.
De nombreuses passes rapides à 4 et autres formations s’enchaînent à un rythme effréné. Le programme se déroule sans le moindre accroc, dont la fameuse figure « miroir » des deux solos. Après un dernier éclatement, les appareils se posent. Les pilotes ressortent et saluent amplement leur public qui les applaudit chaleureusement.
Au tour des Blue Angels
Le C-130 de soutien des Blue Angels, mieux connu sous le pseudo « Fat Albert » fait sa démo. Quelques passages bien bas raviront le public. Un peu plus tard, ça sera aux Blue Angels de se mettre en action. A l’instar de leurs compatriotes, la partie « sol » fait partie intégrale de leur prestation. Mais cette fois, c’est presque poussé à l’extrême. Les visages sont fermés. Les mouvements sont presque mécaniques, pas de place au moindre doute ou raté. A chaque étape, les pilotes et mécaniciens se figent, prenant presque la pose pour s’assurer d’une parfaite synchronisation, puis enchaînent sur la prochaine formation. On sent qu’ils pourraient faire ça les yeux fermés. Quand ils se croisent, les personnes ne s’adressent pas de regard, pas de petits gestes amicaux, tout parait froid. Toute l’équipe est tirée à quatre épingles. Les combinaisons sont impeccables. Aucun pli n’est autorisé semble-t-il.
En formation serrée
C’est à cette occasion que l’on peut se rappeler : les Blue Angels sont la seule équipe à faire leur démonstration SANS équipements anti-g. Ils montent dans leurs appareils, enlèvent leurs calots. Ils enfilent leur casque. L’échelle est rentrée (manuellement) et les moteurs allumés. Leur performance en vol est somptueuse. Leur légende est intacte. Ils tiennent leurs formations serrées à moins d’un mètre les uns des autres, c’est spectaculaire. A leur posé, la chorégraphie continue. Ils sortent de leurs machines, les six pilotes se présentent en ligne face au public et le salue. C’est la fin de l’acte, qui sonne également la fin des démonstrations aériennes. Les pilotes resteront encore de longues minutes à signer des dizaines d’autographes pour la foule très compacte.
Les experts à la musisque
Le samedi soir, un concert se tient dans la base. Ma première réaction était de me réjouir car cela me donnait un peu plus de temps pour profiter du parking statique. Par curiosité, je me suis approché de la scène et c’était le groupe « Lt. Dan Band » qui jouait. C’est le groupe, mené par l’acteur Gary Sinise, qui promeut et soutient les vétérans de guerre américains. L’acteur était bien présent et jouait de la guitare basse, un peu en retrait. Le public était enthousiaste d’assister à ce concert et beaucoup chantaient avec entrain.
Un dimanche sous la pluie
Le dimanche, la météo s’est révélée encore pire que le samedi (était-ce vraiment possible ?) mais tous les performers ont pu prendre les airs. Après les derniers posés, je remarque que tous les Hornet du parc statique et le Harrier ont été déplacés vers la ligne de vol. Un à un, les équipages arrivent. Parfait, je vais pouvoir les faire au décollage, je commence alors à me déplacer vers le point central. La pluie se met à tomber fortement mais tant pis. C’est alors que la sécurité commence à « ratisser » les derniers retardataires, dont je fais partie, pour les emmener vers la sortie. Ce n’est qu’en discutant et négociant difficilement que j’ai pu faire tous les départs, même si la pluie rendait toute photo quasi inexploitable.
Conclusion
Point Mugu existe depuis 1960 et n’a pas lieu tous les ans. Le prochain est prévu pour 2025 voire 2026. C’est un airshow très plaisant et si la météo avait été plus favorable, cela aurait donné de superbes photos. Un meeting aérien dans les environs de Los Angeles, c’est validé !
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