La mission Jeanne d’arc prend la mer

texte et photos Jean-Marc Gutierrez

Le 24 février 2025, le groupe amphibie constitué autour du porte-hélicoptères amphibie Mistral et de la frégate Surcouf a appareillé de Toulon pour la mission Jeanne d’Arc, école d’application pour les officiers de la Marine. Cinq mois durant, ses équipages et détachements mèneront une mission opérationnelle en Atlantique. Elle s’intégrera aux opérations maritimes et d’interactions avec les pays partenaires de la France.

Jusqu’en 2009 cette mission annuelle avait lieu sur le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc. Mais, après le retrait de ce bâtiment, elle revient alternativement à chacun des trois PHA de la classe Mistral de la Marine Nationale.

Bienvenue à bord

La presse et certains médias de télévision, ont été conviés à participer aux cérémonies entourant ce départ. L’association Spot’Air a également été retenue en ma personne pour assister à cet évènement.

Nous avons tout d’abord été invités à nous rendre à bord du PHA Mistral afin de visiter le bâtiment à quai. Ensuite, nous visitons notamment le pont d’envol, la passerelle de navigation. Par la suite, nous découvrons le grand hangar pouvant contenir 80 véhicules blindés et le radier de 885 m2. Puis, nous assistons à différentes cérémonies qui ont eu lieu à bord.

Les équipages célébrés

Les équipages du Mistral et du Surcouf, ainsi que l’école d’application des officiers d’application de la Marine et les détachements embarqués ont tout d’abord rendu les honneurs aux autorités.

Puis Mme. Patricia Miralles, ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants, a prononcé une allocution.

Enfin a eu lieu la cérémonie de remise de la hallebarde. Le vice amiral Laurent Hemmer, commandant l’école navale la remet au capitaine de vaisseau Quentin Vieux-Rochas. Ce dernier est le commandant le groupe Jeanne d’Arc et le PHA Mistral. La hallebarde symbolise la continuité de la délivrance des valeurs et des compétences par l’école d’application des officiers d’application de la Marine.

Les photographes embarquent sur une petite vedette de la Marine Nationale afin de s’éloigner des quais. C’est l’occasion d’assister à la mise en route du PHA Mistral et de la frégate Surcouf (type Lafayette FLF) dans la rade de Toulon. La météo pluvieuse n’était malheureusement pas très favorable à la prise de vues de ces 2 magnifiques navires. Les bâtiments se sont doucement éloignés de la base navale et se sont approchés de la passe devant St-Mandrier.

La mission

Le groupe entreprend ainsi une nouvelle mission de déploiement dans des zones stratégiques. Durant plus de cinq mois ce sera l’occasion de déployer l’ensemble des fonctions stratégiques de la Marine Nationale. Et si besoin, il protégera les intérêts de la France autour du monde, en particulier dans les territoires ultramarins. Les élèves officiers effectueront ainsi plus de 100 jours de mer. Ils auront des heures de quart, des exercices internationaux, des opérations. Il y aura aussi des périodes d’instruction dispensées par les équipages des 2 bâtiments.

Ce sont près de 800 militaires, dont 640 marins parmi lesquels 151 élèves officiers, qui vont participer à cette mission.

Le groupement tactique

Le groupement tactique embarqué comprend des militaires de la 12ème demi-brigade de la Légion étrangère. Il se compose 40 véhicules tactiques dont des Serval et des Griffon. Il possède un groupe aéromobile avec 2 Cougar et 2 Gazelles du 5ème RHC de l’ALAT. Au total, ce sont près de 150 soldats de l’Armée de Terre.

Il compte également un détachement embarqué de la flottille amphibie comptant 20 marins. Il est équipé d’un engin de débarquement amphibie rapide et d’un engin de débarquement amphibie standard nouvelle génération.

Les flottilles de la Marine

Enfin, l’embarquement intègre également un détachement de la flottille 34F (un hélicoptère Dauphin) pour les missions de surveillance maritime. Il y a aussi un détachement de la flottille 36F doté d’un système de drones Camcopter S100. Ces derniers, reçus il y a un an, assurent des missions de reconnaissance tactique, de surveillance maritime et de renseignement.

Un voyage au long cours

Le déploiement interviendra par la navigation dans des zones stratégiques. Le groupe se rendra tout d’abord en Afrique de l’ouest. Puis, il traversera l’océan Atlantique pour naviguer devant le Brésil. Il participera à l’exercice Fortaleza 25. Puis il rejoindra la Guyane, la Colombie. Enfin ce sera les Caraïbes. Là, il assurera pour des missions de surveillance des frontières, sécurité maritime, lutte contre les narcotrafics. Après cela, il longera les côtes américaines pour participer à l’exercice Chesapeake 25 avec l’US Navy. Il fera escale à la Nouvelle-Orléans et à New York. Puis, il rejoindra ensuite Saint Pierre et Miquelon puis le Groenland. Le groupe retrouvera l’Europe pour des missions de coopération multilatérale dans le cadre de l’OTAN. Finalement, ce sera la Norvège pour l’exercice bilatéral NJORD 25. Ce sera la première fois que la mission Jeanne d’Arc et le PHA Mistral franchiront le cercle polaire.

Au total, ce long périple comprendra une douzaine d’étapes. Une mission tout à fait extraordinaire pour ces nombreux jeunes marins. Ceux que j’ai interrogés étaient enthousiastes du parcours qu’ils entreprenaient ainsi !

Des objectifs multiples

La mission vise trois objectifs :

  • La formation des jeunes officiers au cœur des opérations.
  • Le renforcement de l’interopérabilité interarmées et interalliés.
  • La protection des intérêts français autour du monde.

Durant la mission Jeanne d’Arc les élèves officiers vont être soumis à une évaluation continue ainsi qu’à une sélection progressive . Elles leur permettront d’approfondir les enseignements reçus en fonction de leur spécialité.

Un exercice de synthèse ETENDARD 25 dans le golfe de Gascogne, permettra finalement aux jeunes élèves officiers de mettre en application l’ensemble des savoir-faire techniques et opérationnels acquis durant ce long déploiement.

C’est ainsi que la Marine de demain forme les officiers de demain, prêts à servir et à combattre, dans un cadre de formation aussi adapté qu’unique.

Bonne mer, Mesdames et Messieurs !

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