Texte de Sébastien Meirieu, photos de Sébastien Meirieu, Ludovic Hoareau, Nathan Graglia, Yohan Dumont et Maxime Garcia
Dans la Cité des Corsaires du 5ème RHC…
Cela fait maintenant 35 ans que je vis en terre Paloise. J’ai grandi et cultivé ma passion pour le monde aéronautique militaire en regardant quotidiennement les machines du 5ème RHC passer au-dessus de ma tête.
C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé le détachement Spot’Air, ce mardi 29 Octobre à 8h30, devant le quartier « Chef d’Escadrons de Rose », où nous attendaient Quentin et Benoît, équipage de Tigre de l’escadrille 3/5 « Corsaires ». Ces derniers, rencontrés fin juin lors d’Aérotorshow 2024, ont ainsi œuvré à l’organisation de cette journée.
La 4ème Brigade d’AéroCombat (BAC)
Tout comme le 3ème RHC d’Etain et le 1er RHC de Phalsbourg, le 5ème RHC fait partie de la 4e Brigade d’AéroCombat. Il voit le jour en terre Béarnaise le 1er juillet 1977.
C’est en septembre 1984 que le Régiment Béarnais s’enracinera dans son implantation actuelle au quartier « Chef d’Escadron de Rose ». Avec près de 60 appareils, en plus abriter le 4ème Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales (RHFS) , il forme la plus grande base d’hélicoptères en Europe.
Un peu d’histoire tout de même !
« Béarn sans peur »
Les missions du Régiment s’organisent autour du renseignement, de l’intervention armée, de la manœuvre ainsi que du transport de tous type de troupes. Avec environ 900 militaires et 300 réservistes, le 5ème RHC fait preuve de son efficacité opérationnelle sur de nombreux théâtres d’opérations, Tchad, Balkans, Somalie, Rwanda, Côte d’Ivoire, Gabon, Djibouti. Plus récemment, il s’est illustré lors des opérations PAMIR en Afghanistan, HARMATTAN en Libye, SERVAL au Mali, SANGARIS en Centrafrique et enfin BARKHANE au Mali.
Rappelons que le 5ème RHC paiera au prix fort son engagement dans cette dernière OPEX contre le terrorisme au Mali. En effet, le lundi 25 novembre 2019, sept militaires Béarnais perdront la vie parmi les 13 victimes de la collision d’un Tigre et d’un Cougar.
Organisation du Régiment
- Les escadrilles non volantes :
- Une escadrille des services d’aérodrome (ESA).
- Une escadrille de commandement de la maintenance (ECM).
- Une escadrille de défense et d’aide au déploiement (1ère EDAD).
- Une escadrille de défense et d’aide au déploiement (2ème EDAD).
- Les escadrilles volantes :
- Escadrilles d’hélicoptère légers de reconnaissance et d’attaque (EHRA) :
- 1ère EHRA « Rapaces », composée de Gazelles Viviane SA342 M1.
- 2ème EHRA « Mohicans », composée de Tigres HAP EC665.
- 3ème EHRA « Corsaires », composée de Tigres HAP EC665.
- Les escadrilles d’hélicoptères de manœuvre et d’assaut (EHMA) :
- 1ère EHMA « Buffalo », composée de Caïmans NH90.
- 2ème EHMA « Rhino » composée de Caïmans NH90.
- 3ème EHMA « Grizzly » composée de Cougars AS532
- Escadrilles d’hélicoptère légers de reconnaissance et d’attaque (EHRA) :
- Les escadrilles de maintenances (EMH) :
- 1ère EMH, chargée de la maintenance des NH90.
- 3ème EMH, chargée de la maintenance des Tigres.
- 4ème EMH, chargée de la maintenance des Gazelles.
- l’EAP (comprendre l’escadrille d’approvisionnement)
Cette dernière a quant à elle pour mission de soutenir les escadrilles de maintenance du 5ème RHC, du 4ème RHFS mais aussi le GAM-STAT, le 9ème RSAM (soutien aéromobile) et les opérations extérieures sur sa fonction de magasin central pour le Cougar et le Caracal.
En immersion au cœur du régiment
La visite commencera par une présentation des hommes responsables de la météo sur le site.
Les spécialistes météo nous présentent leurs outils de travail leur permettant de donner aux équipages une coupe météorologique détaillée du terrain sur plusieurs kilomètres. Si de nombreux modèles météo existent, la tâche n’en est pas moins difficile compte tenu de la proximité des montagnes et du changement rapide de la météo qui peut y survenir. Ce matin-là, de nombreux appels téléphoniques provenant d’équipages devant voler viennent troubler le calme apparent du bureau pour faire un point météo.
Direction la Tour de contrôle
Maintenant la visite se poursuit avec la Tour de contrôle du Régiment qui se trouve être en pleine rénovation ! Cette dernière fait face au nouveau complexe abritant les Tigres et les Cougars Béarnais inauguré fin Juin 2021. En attendant la fin des travaux, c’est un ensemble porté par un véhicule tout terrain qui regroupe les équipements de communication pour assurer cette mission.
Cette Tour mobile, chauffée et climatisée, peut-être également associée à un radar transportable afin de la rendre complètement autonome.
Le ciel gris et la météo maussade du jour ne permettent pas de nombreux de décollages. Mais par chance, quelques départs aurons finalement lieu face à nous. Et la météo prévoit une amélioration dans l’après-midi !
La protection des équipages avant tout
Nous profitons de ces quelques décollages. il est temps de poursuivre la visite avec les quartiers de la Section de Sécurité Incendie et Sauvetage (SSIS).Au pied de la Tour, cette section est en charge de la protection des équipages ainsi que de l’instruction du personnel de la base au niveau secours.
La visite se fait en rythme. La bonne humeur est présente. L’esprit est là. Quentin et Benoit ne sont pas avares d’informations et d’explications.
Ces derniers nous offrent un café « à la popote » de l’unité, comme ils aiment l’appeler. D’ailleurs, « c’est important la popote ! » et chaque unité à la sienne.
Chez les « Corsaires » et les « Mohicans »
Nous entrons dans un bâtiment dont l’entrée nous met tout de suite dans l’ambiance. Les murs y sont chargés d’histoire. Le « spirit » est bien présent. L’entrée dans les murs de l’unité est colorée. Ces derniers sont parés de cadres photos des escadrilles « 3/5 Corsaires » ainsi que du « 2/5 Mohicans ». Pas de doute possible… nous savons chez qui nous sommes ! Les tigres et les ornements tigrés nous rappellent que l’unité a régulièrement participé au NATO Tiger Meet.
Une fois le plein de caféine fait, nous nous retrouvons dans la partie dédiée aux préparations de mission. Nous visitons la salle de briefing, le bureau des plans de vol ainsi que la pièce ou sont affichés les ordres de mission. Les préparatifs de mission étant à présent terminés, l’équipage peut s’équiper avant de signer la prise en charge de l’appareil.
Un équipement haut de gamme
Le casque Topowl est l’élément essentiel de cet équipement et se compose de deux éléments.
D’abord, il y a le casque plutôt basique dont la coque intérieure est moulée sur mesure pour chaque personnel. À celui-ci, s’ajoute le module de projection. C’est dans ce « Head-up flight symbology display » qu’une partie optique vient projeter sur deux zones de la visière les différentes symbologies de vol. Il est ainsi possible d’asservir à cette projection le FLIR (image infrarouge frontale) ou encore l’armement au regard du pilote. De cette façon, le pilote peut en permanence désigner ou viser quelque chose, de jour comme de nuit, en vision directe ou par infrarouge.
Ce casque offre aux équipages une meilleure capacité de vision de leur environnement tactique. Il leur assure une vision de nuit intensifiée, projetée sur la visière du casque à un même niveau de performance qu’une paire de jumelles à vision nocturne.
La visite est passionnante et se déroule à un rythme soutenu ! Nous prenons tout de même le temps d’aller déjeuner au mess avant de nous rendre au simulateur qui se trouve à quelques mètres seulement de l’unité.
Le simulateur
« EDITH », pour Entraineur Didactique Interactif Tactique Hélicoptère, est un système informatisé qui permet aux militaires de répéter virtuellement des opérations. C’est en 2009 que cette capacité d’entraînement est arrivée dans le Régiment Béarnais.
Un centre de simulation EDITH est composé de plusieurs postes de supervision et de configuration. Il comporte aussi plusieurs postes animateurs, ainsi que plusieurs postes de pilotage. En outre des moyens de présentation et d’analyse servent aux briefings et à l’analyse après simulation.
Le paysage s’affiche sur trois écrans géants, proposant une vision à 180° et un champ de profondeur d’environ 12 km. Le terrain est une copie du réel. En effet, les routes, le relief et l’emplacement des villes et villages sont respectés.
Tous les entrainements sont programmés à l’avance. Les instructeurs aux commandes peuvent faire intervenir jusqu’à 250 éléments (personnages civils ou militaires, véhicules, avions…) dans le scénario. Des instructeurs expliquent les possibilités et avantages multiples offertes par le simulateur. Ici, le pilote d’un EC665 Tigre est en pleine simulation
Le bâtiment « Pyrénées » :
Un Tigre HAP est sorti de sa tanière. Au fond, le bâtiment « Pyrénées ». La maintenance est en cours avant le prochain vol pour ce NH90
Un moment de partage pour finir la journée
C’est finalement chez les « Corsaires »et les « Mohicans » que la journée se terminera , pour un moment épicurien cher aux Spotariens.
Max prendra le temps de présenter l’association et nous remercierons tous vivement celles et ceux qui auront rendu possible cette journée passionnante.
Cela faisait des années que je n’avais pas remis les pieds sur la base. Et que de changement…
Vivre près d’une base aérienne, ou d’un Régiment quel qu’il soit, ne laisse pas indifférent et forge évidemment une passion. .
Une base au cœur de son territoire
Chaque fois qu’une machine est en vol, il est facile de s’identifier à l’équipage tant cela fait partie du décor Béarnais en particulier à Pau, où les vols et passages sont quotidiens. La possibilité nous a été offerte d’aller au contact, de rencontrer et de passer une journée en immersion au sein du Régiment au cours d’une journée privilégiée.
Je terminerai en remerciant chaleureusement le 5ème RHC pour nous avoir ouvert ses portes, d’avoir pris plaisir à prendre le temps de nous présenter leurs métiers, leurs outils de travail et leurs machines. Cette visite n’aurait probablement pas été possible si nous n’avions pas sympathisé avec Quentin et Benoit, équipage de Tigre présent avec le Tigre et le NH90 décorés pour les 70 ans de l’ALAT à Aérotorshow cet été.
Je vous remercie donc chaleureusement pour votre bonne humeur et votre disponibilité.
En espérant pouvoir vous recroiser sur un tarmac, ou dans la citée Paloise… Fly safe !
Désolé les commentaires ne sont pas autorisés