Texte et photos de Denis Rolando-Eugio
AXALP 2022
L’exercice aérien sur le champ de tir l’Axalp, dans les montagnes suisses, se tient traditionnellement la troisième semaine d’octobre. Elles’étend sur deux jours précédés d’une journée de répétition. Ces démonstrations de tir sont traditionnellement ouvertes au public. Ne me demandez pas pourquoi attendre si tard dans la saison avec les risques météo accrus, je ne suis pas dans le secret des Dieux ! « Vivre » cet exercice est un rêve pour tout spotter ou spectateur passionné d’aviation ! Les prétextes pour reporter à l’année d’après l’ont toujours emporté … jusqu’à cette année. Une fois la décision prise, l’hôtel a été réservé et les tickets (de bus !) achetés.
Logistique et transport
REX (Retour d’Expérience) n°1 : ne pas attendre le dernier moment pour réserver la logistique associée à cette visite, tel est le conseil à donner à tout futur spectateur ! Les logements proches sont en effet tous rapidement complets et l’option « téléphérique » n’est plus en vente depuis plusieurs semaines.
La ville de Meiringen abritant une base aérienne de l’armée Suisse semble tout indiquée pour ce séjour. Un hôtel se trouve même … sur la base de Meiringen ou plutôt au milieu de la base. Le village se situe entre la piste et les taxiway qui mènent aux grottes abritant des F-18 sous la montagne. Le rapport qualité prix de cet établissement est assez faible mais il a l’avantage d’être situé à un quart d’heure des parkings pour le départ de l’Axalp. Il est possible d’y prendre le bus pour se rendre à l’Axalp.
La manifestation en elle-même est gratuite mais ces billets de bus sont obligatoires pour pouvoir monter du lac de Brienz. C’est le lieu des parkings pour rejoindre jusqu’au village de l’Axalp. C’est ici le point de départ de la randonnée vers le champ de tir où se dérouleront les passes des jets. Le bus est donc la seule option : voitures interdites le temps du meeting ! Les plus sportifs pourront s’en passer, mais ils devront faire un dénivelé important pour assister au spectacle !
Un choc des cultures
Premier choc culturel : de simples barrières style passage à niveau se ferment pour laisser décoller ou atterrir les F-18. Elles restent ouvertes pour permettre aux véhicules de traverser la piste pour se rendre au village d’Unterbach.
Second choc culturel : le restaurant du village (accessoirement la cantine pour les personnels de la base) dispose d’une terrasse gratuite (avec deux tables et des bancs). Elle offre une vue plongeante sur la piste et le parking éloigné. Le rêve pour tout photographe amateur ou professionnel !! Il est possible d’y passer des heures pour photographier la noria d’hélicos et les quelques Hornet qui montaient au champ de tir.
La montée
Mercredi matin, premier jour de meeting. Le réveil à 6h et les derniers préparatifs (eau, thermos de thé, casse-croûte) n’ont pas raison de la motivation de fer pour affronter la montagne… Les parkings sont bien indiqués. Il fait encore nuit. Après 15 minutes de marche et les formalités d’accueil passées, il est temps de monter dans l’un des bus. 30 à 40 mn plus tard, après une montée sur une route de montagne interdite aux autres véhicules, c’est l’ Axalp. Le soleil commence à se lever mais il fait frais : pas plus de 5 ou 6°C dans la vallée. Et donc, c’est encore moins ici! La foule emprunte une route goudronnée en pente douce. Une route à ne pas quitter jusqu’à ce que des militaires nous indiquent un autre chemin.
En effet, très rapidement 2 personnes prennent un raccourci. Puis 2 autres. C’est bien un raccourci mais la pente est si raide que la montée est immédiatement difficile. Au lieu de s’échauffer en douceur c’est la plongée immédiate dans le dur ! L’erreur ne sera pas commise le lendemain.
Après 1 bonne heure de montée on aperçoit une belle file de piétons qui nous surplombent. Ils convergent vers la suite commune de la randonnée. Ce sont les heureux possesseurs du pass « télésiège » qui viennent de s’économiser environ 1/4 à 1/3 des efforts à fournir pour arriver au paradis ! Restent, encore2 heures de montée, la plupart du temps sur un chemin classique de randonnée de montagne.
Conseil aux grimpeurs
Ne pas hésiter, dans les limites de la décence à se dévêtir ! la température extérieure nous le rappellera de toute façon,
Un passage délicat apparait mais les organisateurs ont installé des filins d’acier pour se raccrocher et un bel escalier métallique. La suite n’est que la « souffrance » habituelle propre à la randonnée de montagne. Finalement, au bout de trois heures de montée assez raide, mais sans vraiment de grande difficulté, nous nous posons au point de spot intermédiaire conseillé. Le premier point de spot est un peu bas à mon goût. Il ne permet pas forcément de voir des extrados et des rotors vus de dessus ! Les points de spots 2 et 3, à peu près à la même altitude, conviennent tout à fait. Une fois installé dans l’herbe au milieu de la foule, l’attente commence. Il y a foule, mais l’espace est tel que l’on se sent comme dans des gradins naturels. De fait c’est une salle de cinéma en plein air.
Que le spectacle commence
Là-haut, un autre spectacle s’ouvre : le ballet du public dépliant sièges, réchauds, cafetière italienne, service à fondue, et bouteilles de vin. Les locaux savent s’organiser pour un tel évènement.
Durant la fin de matinée, le spectacle est assuré par le ballet des Puma qui font les « navettes » pour monter les VIP au point de spot n°3. D’autres hélicos patrouillent ici où là le long des crêtes et, cette année. Un PC-21 profite également du relief pour « amuser » le public. L’attente, qui n’en est finalement pas une, est bien remplie.
Précision suisse oblige, à 14h le spectacle commence. Pour ouvrir le bal, deux patrouilles de 2 F/A-18C remontent la vallée en larguant des flares ! Ça commence fort ! Et la suite sera du même niveau ! Passes de tir canon sur trois cibles selon trois axes différents, remontées de vallées, piqués derrière le public, passages grande vitesse type « show of force » : Toutes les machines paraissent belles dans ces paysages magnifiques ! Même les deux F-35 A italiens assureront leur part du spectacle. Cela ne dure que 2h mais c’est intense et on ne voit pas le temps passer.
Quasiment aucun temps mort, des trajectoires qui épousent le relief et des jets aux allures acérées serpentent dans des montagnes magnifiques ! Les photos sortent vraiment de l’ordinaire : nul besoin d’attendre un passage à l’anglaise pour voir une machine par le dessus. Plus de fond gris ou bleu selon la couverture nuageuse : ici l’avion est « posé » sur du roc ou de l’herbe verte. Vers 16h, après la démo de la patrouille de F-5 Suisse qui clôture la journée, il est temps de redescendre.
Il est temps de redescendre
Les visiteurs du 2ème ou du 3ème point de spot peuvent emprunter une descente plus longue mais beaucoup plus douce que celle qui consiste à emprunter le chemin inverse de la montée. Seul inconvénient de cette descente, elle ne permet pas de rejoindre le télésiège puisque le chemin arrive bien en dessous. Mais vue la queue pour attendre son tour, la descente à pied est plus rapide !
Là également l’organisation suisse émerveille : quelques boucles bien encadrées de barrières ou de rubalise dans une file agrémentée de petites boutiques de nourriture, et déjà à bord d’un des nombreux bus pour rentrer.
40 à 50 mn d’attente auront été nécessaires entre l’arrivée dans la file et la montée dans un bus. Sans bousculade, sans précipitation. 30 minutes plus tard, à l’arrêt de bus en bas près du lac, enfin le parking. Le chemin parait s’être allongé depuis le passage du matin. Et pourquoi les muscles se rappellent à notre souvenir ?
Pour conclure
Il y a certes moins de diversité d’aéronefs que sur un meeting aérien classique mais le spectacle est à couper le souffle. Le meeting est très court (deux heures de 14h à 16h). Seules quelques tentes de nourriture et de boissons, jalonnent les espaces publics ouverts. Chaque jour offre le même spectacle, seules la météo et la lumière changent. Si vous ne parlez pas allemand, vous devrez vous débrouiller avec les classiques moyens du bord. Si la météo ne permet pas le décollage de la noria d’hélicos de VIP et leur retour à la fin du meeting, le risque de voir l’exercice annulé est fort. C’est un spectacle qui se mérite, même si de nombreux enfants accompagnent leurs parents. Même des seniors bien plus vieux que moi gravissent le dénivelé comme les autres !
Malgré tout, ce meeting est un émerveillement total ! C’est probablement l’une des seules occasions où il est possible de voir des avions de chasse tirer au canon et dans un environnement de montagne fabuleux. Les évolutions des Hornet suisses font à ce titre penser aux évolutions de Maverick dans son récent film éponyme. C’est un véritable plaisir de contempler des avions, des hélicos, et même des parachutistes évoluer dans ce paysage. Les efforts physiques s’oublient assez vite alors que le spectacle reste inoubliable et incite à recommencer l’expérience l’an prochain !!! Wir werden zurück kommen !!!
Le guide du grimpeur de l’Axalp
Outre les détails donnés au fil du récit, et afin de donner l’envie à chacun de grimper à l’Axalp, voici quelques conseils : outre son matériel photo, n’hésitez pas à vous vêtir chaudement sur plusieurs couches. Des bonnes chaussures et des bâtons de marche ne seront pas de trop pour effectuer la randonnée. Nul besoin d’être un montagnard acharné, mais gardez à l’esprit que l’Axalp se mérite et que la montée demande trois bonnes heures d’effort (âgé de 63 ans et sans être un grand sportif n’est absolument pas rédhibitoire). Donc, outre l’équipement, il faut compter plusieurs kilos de nourriture et d’eau. Finalement, la montagne, les avions, tout est là pour un moment spectaculaire ! Il est possible de grimper à VTT pour les plus sportifs.
Ne pas oublier enfin quelques rudiments d’allemand et un peu de monnaie locale. Une lampe de poche n’est pas inutile ! Marcher dans le noir, même sur une piste cyclable goudronnée, n’est pas forcément agréable. Surtout avec la « petite » fatigue de la journée…
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