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Un 20ème A400M pour l’Armée de l’Air et de l’Espace

texte et photos Rémi Beaujouan

Vendredi 16 décembre, dans le petit matin froid des plaines de Beauce, nous voilà devant l’entrée de la BA 123 d’Orléans-Bricy. La raison de notre présence ici, l’arrivée du 20ème A400M au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

L’A400M n’est plus réellement une nouveauté dans le ciel beauceron puisque le premier est arrivé en 2013. Mais pour autant, bien des choses ont changé depuis son arrivée.

Un 20ème avion précieux

Nous sommes accueillis au sein de l’Escadron de Soutien Technique Aéronautique (ESTA) 15.061 “Loiret”. Il dépend de la 61ème escadre de transport. Autour de la table, les maires de 5 communes sur lesquelles s’étend la base, quelques journalistes et votre serviteur.

Notre hôte est le colonel Guillaume Vernet commandant de la BA 123. C’est un ancien pilote d’hélicoptère sur la base de Cazaux, spécialisé dans les missions SAR (Search And Rescue). Il nous explique pourquoi ce 20ème avion est si précieux.

L’A400M est une arme d’accès aux théâtres d’opération par sa capacité d’intervention. Pour paraphraser la devise olympique, l’A400M c’est « Plus vite, plus loin, plus lourd » ! Tout avion militaire devant obtenir une clearance diplomatique pour survoler un pays, l’autonomie en vol de l’A400M offre à la France une autonomie diplomatique en cas de refus.

C’est aussi un avion qui s’inscrit désormais dans un système d’arme avec les Forces Spéciales. D’avion stratégique, il devient outil tactique. Si dans les premiers temps, il n’était que support logistique, nécessitant des aérodromes standards, il peut maintenant se contenter de terrains sommaires. Si l’on ajoute ses capacités de largage et l’autoprotection, l’avion a bien évolué. Il devrait d’ailleurs être complètement certifié MSO (Mise en Service Opérationnel) au cours de l’année 2023.

Un avion au cœur du dispositif français

Désormais, l’Armée de l’Air et de l’Espace s’appuie sur le triptyque A400M-MRTT-Rafale pour assurer la représentation de la France partout dans le monde. Pour preuve, ce fut en 2021 la mission HEIFARA WAKEA en Polynésie française. Plus récemment, la mission PEGASE en Nouvelle-Calédonie en a fait la démonstration.

L’A400M, c’est aussi la mission APAGAN. A cette occasion, ce fut près de 3.000 personnes qui furent évacuées de Kaboul au moment où la ville tombait aux mains de talibans.

Et c’est depuis la BA 123 que tout se joue.

Un avion en constante évolution

Nous avons ensuite évoqué les évolutions de l’avion. Notamment la question du ravitaillement en vol est abordée. A ce stade, le ravitaillement en vol est toujours en phase de test. On en est à l’heure de la primo-formation (formation des formateurs). Pour le ravitaillement en vol des hélicoptères, c’est pour le moment le rôle des C-130J. Cela viendra prochainement pour l’A400M.

Puisque nous étions sur la BA 123, le devenir de la base a été évoqué. A ce jour, la base est prête pour accueillir 25 A400M en 2025. Il existe 5 hangars pouvant recevoir l’avion. Il faut compter 1 surface couverte pour 5 avions. 2 hangars sont en cours de construction. A terme, la base pourra accueillir 35 avions.

Avec l’arrivée de ce 20ème A400M, le parc d’avions disponibles atteindra la dizaine de machines. Le reste du parc est en maintenance. Ce peut être de la maintenance légère, faite ici, sur la BA123. On trouve aussi quelques machines à l’AIA (Atelier Industriel de l’Aéronautique) de Clermont-Ferrand. Enfin d’autres sont chez Airbus dans son usine de Séville pour une mise à jour. C’est notamment le cas pour les premières machines livrées.

Direction les hangars

Après cette présentation fort intéressante, direction le hangar. C’est l’opportunité d’échanger avec le responsable de l’ESTA « Loiret ». 400 mécaniciens œuvrent quotidiennement au sein de l’escadron. Avec l’arrivée de nouvelles machines, ce sera à terme près de 500 personnes qui travailleront à la maintenance des avions.

Loin d’être aussi simple qu’il y parait, la planification des équipes et des travaux de maintenance nécessite une véritable expertise. Pour arriver à coordonner les différents chantiers sans perdre de temps, il faut avoir recours aux mêmes méthodes que les industriels de l’aéronautique. Preuve s’il en était besoin que l’Armée de l’Air et de l’Espace évolue avec son temps. Ici, sur la base, le temps moyen d’un chantier est de deux semaines. Certains chantiers sont plus rapides. Ainsi il ne faut qu’une journée de travail pour équiper une A400M des pods ravitailleurs avec tout ce que cela comporte de branchements.

En attendant l’arrivée l’avion, nous avons la chance de pouvoir visiter les entrailles de l’avion. C’est toujours aussi impressionnant, que ce soit les dimensions de la soute ou le cockpit « full glass ». Ainsi, sur le cockpit, plus aucun indicateur analogique ! Même les indicateurs de secours sont numériques !

La star du jour arrive

Puis l’avion arrive. Il est accueilli par un « water salute » dans la lumière matinale de la Beauce.

Le général Laurent Lherbette, Commandant des Forces Aériennes, tout juste arrivé de la BA106 de Mérignac, prend la parole devant un parterre de militaires. Il insiste sur le rôle de l’A400M au sein des forces aérienne. « C’est même un « game changer » : il nous change la vie. Il nous change la vie parce que c’est un facteur 4 : 4 fois plus vite, 4 fois plus vite, 4 fois plus lourd. » Son discours insiste sur le fait qu’avec ce 20ème avion, la France possède désormais les moyens de sa politique étrangère. En assurant ses capacités de transport et d’intervention partout dans le monde, le parc d’A400M est le garant de notre rôle dans le concert des nations. Il souligne aussi l’engagement des équipes et leur capacité à relever les défis qui se présentent à eux.

Pour finir, rendez-vous est donné en 2023 pour fêter les 10 ans de l’arrivée de l’A400M, ici sur la BA 123 d’Orléans-Bricy. Espérons que nous aurons l’occasion de vous faire partager ce moment.

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