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Juin 12

Gifu-Kakamigahara Air & Space Museum

Texte et photos par Maxime Garcia

Dans un domaine peu imprégné dans la culture japonaise naquit un lieu dédié à l’histoire de l’aviation japonaise.

Il s’étend de l’ère des premiers biplans à hélices à l’ère spatiale.

L’objectif avoué du projet initial était triple :

  • Revenir sur les défis des efforts aérospatiaux du Japon au travers l’histoire aérospatiale de la ville de Kakamigahara
  • transmettre la culture aérospatiale aux générations suivantes
  • offrir une expérience d’apprentissage amusante à la jeune génération.

La genèse du musée

Le Musée des sciences et de l’aérospatiale de Kakamigahara (The Kakamigahara Aerospace & Science Museum) ouvre ses portes le 23 mars 1996.

En septembre 2015, des responsables de la préfecture de Gifu et de la ville de Kakamigahara, ont annoncé conjointement la nécessité de rénover le musée.

C’est ainsi que fin septembre 2016, le Musée des sciences et de l’aérospatiale de Kakamigahara a fermé ses portes pour rénovation. Il ouvre en mars 2018 sous le nouveau nom de Musée de l’air et de l’espace Gifu-Kakamigahara (Gifu-Kakamigahara Air & Space Museum).

En tant que musée représentatif de l’aéronautique au Japon, le concept a été envisagé dans le cadre d’une initiation aéronautique japonaise. Il se compare, en toute modestie, avec le Smithsonian National Air and Space Museum aux États-Unis. Le gouverneur de Gifu, Hajime Furuta, l’a d’ailleurs signalé lors de l’allocution inaugurale.

Pour sa part, le maire de la ville de Kakamigahara, Kenji Asano, a déclaré qu’il souhaitait travailler à améliorer l’expérience du visiteur, notamment en proposant des thématiques en collaboration avec la base aérienne de Gifu, toute proche.

Une collection multiple et variée

Cette base aérienne et d’essai de Gifu, abrite le Koku Kaihatsu Jikken Shudan (le commandement du développement et des essais en vol). C’est l’un des principaux fournisseurs d’appareils exposés. Quelques exemplaires proviennent de la force aérienne japonaise (Japan Air Self Defense Force, JASDF). Les usines Kawasaki toutes proches ont aussi participé.

Le Gifu-Kakamigahara Air & Space Museum présente 35 appareils. Il comprend de nombreux prototypes ou avions de développement, des avions de chasse, des avions de transport, divers hélicoptères. La contribution spatiale japonaise bénéficie d’une large exposition. Le tout occupe désormais un espace de 9 400 mètres carrés. C’est quasiment le double que la superficie originale. Une très large esplanade extérieure la complète.

Un accueil saisissant

A son arrivée, le visiteur ne peut pas manquer le musée. La taille imposante du bâtiment principal est un atout visuel ! On y trouve le hall d’entrée, la billetterie ainsi que la fameuse boutique de souvenirs chère à tous passionnés et visiteurs en fin de visite, jouxtant à l’immense surface d’exposition.

Mais c’est surtout l’imposant hydravion géant Shin Meiwa US-1A qui focalise tous les regards. Sa taille est imposante (33.46m de longueur, 33.15m d’envergure et 9.82m de hauteur). Il se pare des hautes couleurs « Day Glow » (haute visibilité) liées à sa mission principale qui est le sauvetage en mer.

On y trouve L’hélicoptère Kawasaki KV-107 (version fabriqué sous licence du Boeing CH-46 Sea Knight). Vous admirerez aussi le Kawasaki P-2J Neptune (ex-P-2V Kai) propulsé par des turbopropulseurs Ishikawajima-Harima T64 (version japonaise du General Electric T64). Le non moins célèbre Nihon Aircraft Manufacturing Corporation (NAMC) YS-11 aux couleurs de Air Nippon complète cette exposition extérieure. Ils accueillent de façon majestueuse les visiteurs.

De la genèse à l’hirondelle

La première zone d’exposition que le visiteur rencontre comprend une superbe réplique de l’avion Type 2 Model 1 de reconnaissance Otsu-1. C’est une production sous licence du Salmson 2A2. Il fut le premier avion produit au Japon grâce à l’importante contribution française. Le plafond accueil une réplique du Wright Flyer. Il fut construit à l’usine de Kawasaki Dockyard à Kobe, dans la préfecture de Hyogo. Il a pris l’air pour la première fois depuis le village de Sohara, l’une des villes qui a finalement fusionné pour former la ville de Kakamigahara.

Mais c’est surtout le Kawasaki Ki-61 Hien (Hirondelle) du hall suivant qui attire tous les regards. L’intégralité du hall lui est quasiment dédié. Il est l’unique exemplaire survivant de ce chasseur. La production atteignit 3078 exemplaires produit entre 1942 et 1945. Pièce maîtresse du musée, son surnom évocateur et révélateur de ses performances est celui de « Spitfire japonais ». Il est d’ailleurs le seul chasseur japonais produit pendant la Seconde Guerre mondiale équipé d’un moteur en ligne.

A la conquête de l’espace

Le hall d’exposition est très lumineux avec ces avions bien séparés, fait rare dans les musées aéronautiques. Il fait la part belle à l’aviation post-1950 jusqu’à nos jours. Une coursive surplombe l’exposition principale dédiée à la conquête spatiale. On y retrouve diverses fusées liées à la technologie d’exploration spatiale japonaise. On trouve notamment des détails sur la fusée H-II et le Mars Exploration Rover.

Le hall principal regorge de nombreuses très belles machines dans un superbe état de préservation.

Un Fuji T-1 fut le premier avion d’entraînement à réaction développé et construit au Japon. Il s’inspire du North American F-86 Sabre. Le musée expose aussi un Mitsubishi F-104J, un Mitsubishi T-2 aux couleurs de la patrouille nationale « Bleu Impulse ». Un T-33 orné d’une longue perche anémométrique, vestige de son activité passée en tant qu’avion d’essai sur la base de Gifu complète l’exposition. Enfin on peut admirer un surprenant Saab 91 Safir produit sous licence japonaise.

Des pièces d’exception

Dans les raretés du musée, nous retrouvons un Mitsubishi XT-2 CCV, prototype du programme CCV (Control-Configured Vehicule). Il servait à tester les commandes de vol électriques. Elles seront appliquées plus tard lors des tests de développement du chasseur Mitsubishi F-2. On peut aussi trouver un Kawasaki C-1 STOL Asuka, développé à partir du biréacteur de transport tactique Kawasaki C-1. Le C-1 STOL est un avion de transport expérimental conçu pour tester la technologie STOL (décollage et atterrissage courts). Il se différencie du C-1 par le positionnement de ses quatre réacteurs montés en soufflante sur le dessus des ailes. Cette configuration est très proche de celle adoptée par le Boeing YC-14. Lui-même avait un air de ressemblance avec le McDonnell Douglas YC-15 (démonstrateur réussi du McDonnell Douglas/Boeing C-17) et le Grumman/Shin Meiwa UF-XS.

Ce concept d’hydravion, précurseur des Shin Meiwa PS-1/US-1A, fut développé à partir d’un Grumman UF-1 Albatross. Pour ce faire, on ajoutera deux Pratt & Whitney R-1340 à hélices bipales aux deux Wright R-1820 à hélices tripales. Une turbine General Electric T58 fut également ajoutée dans un carénage placé sur le dessus fuselage à l’arrière du cockpit. Ceci donne à cet avion une configuration assez atypique.

Des liens avec la France

Le Musée de l’Air et de l’Espace de Paris – Le Bourget a signé un projet d’accord-cadre avec le Musée Gifu-Kakamigahara en octobre 2018. Il souhaiterait en faire de même avec le Musée Aéroscopia de Toulouse-Blagnac comme a pu nous l’indiquer son directeur.

De taille modeste, ce musée n’en demeure pas moins exceptionnel par l’originalité, la rareté et la qualité d’entretien des machines.
Vous pouvez visiter le très beau Gifu-Kakamigahara Air and Space Museum tous les jours de 9h30 à 16h30 sauf le mardi, au modeste tarif de 800 ¥ (6€50).

A propos de l'auteur:


1 commentaires:

  1. VERON
    janvier 25, 2023

    My Uncle Jean Ruet went to Gifu in 1919 with the Colonel Faure team.Spécialist of engines. He worked with Mitsui.
    Personally I came to Japon for business trip
    80 times
    Now I am retired. My uncle offered me his own military album .I would like to visit your museum. Especially if you have documents and newspapers about «  the French military mission 1919 »
    With my best regards
    Arrigatogosamaisu


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