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EC135 le jour s'est levé Arnaud Stark le pilote Vérification sur les 2 EC135

Visite matinale au SAMU 31

Texte et photos de Bernard Ondry

Ce 18 février 2023, Spotair était invité au lever du jour par le SAMU 31 au CHU de Toulouse pour un shooting photo à l’hélistation de l’hôpital en présence des équipages d’astreinte.  La terrasse de la station offre un panorama magnifique. Au premier plan, le pilote Arnaud Starck se dresse devant son Eurocopter EC 135T3, immatriculé F-HLCF. Le froid était saisissant au lever du jour, mais avec un ciel idéal. La vue sur la ville rose est remarquable depuis la terrasse du bâtiment du SAMU.

Historique du SAMU

Fondateur du SAMU en 1972, le Professeur Louis Lareng, médecin anesthésiste toulousain, voulait créer une médecine capable d’aller vers le patient et de répondre à l’urgence en tout lieu. C’était en partie pour répondre à la tragédie des accidents de la route, en développant un système de soins plus agile, accessible et réactif. Le SAMU bénéficie en 1979 du soutien de la ministre de la santé Simone Veil. Elle crée « les centres 15 », grâce auxquels tous les appels d’urgence pourront dès lors être régulés par un médecin. Une loi promulguée en 1986 permettra au SAMU d’être étendu à toute la France.

L’hélistation de Toulouse Purpan : 

L’hélistation de Purpan était d’abord installée au bord de l’avenue de Grande-Bretagne. Un changement de réglementation des hésitations obligea à déménager au début des années 2000. 

À Purpan, pour donner suite à l’accueil de deux hélicoptères sanitaires affectés au SAMU 31, le CHU décida que cette hélistation devait être reconstruite au sein de l’hôpital, en terrasse du bâtiment du SAMU, à 16 m d’altitude. Le nouveau bâtiment héberge également le Centre de Réception et de Régulation des Appels (CRRA) pour absorber l’augmentation des activités.

« Comme la plupart des pilotes de SAMU, 90 % sont d’anciens militaires, j’étais dans l’armée de l’air. Je faisais partie de la dernière promo à être formée complètement à Francazal au CIEH en 1996 ; je suis ensuite parti à Metz, puis revenu à Francazal comme instructeur, et j’ai fini à Dax sur gazelle et C120, avant de revenir à la vie civile. Depuis 2011 je suis au SAMU de Toulouse comme pilote. « 

Arnaud Starck, pilote SAMU 31

Moyen aériens du SAMU 31

Le SAMU dispose de deux hélicoptères Eurocopter 135. Le premier est un Eurocopter EC135T2 F-HLCB de 20 ans, et le second un Eurocopter EC 135T3, F-HLCF plus récent (2016). Un équipage se compose d’un pilote secondé par un assistant de vol. Ce modèle peut emporter deux personnes supplémentaires, médecin et assistant infirmier. De plus, une civière peut également être chargée à bord, soit par la porte latérale, ou par la double porte à l’arrière pour plus de facilité.

C’est un prestataire de services, le Service Aérien Français, qui fourni les deux hélicoptères. Le SAF a un contrat décennal avec le CHU, l’actuel se terminant dans deux ans. Les pilotes espèrent pour l’occasion un renouvellement de la flotte. Ce serait l’occasion de bénéficier d’un  modèle plus puissant et pouvant emporter une personne de plus. Plusieurs hôpitaux sont déjà passés à l’EC 145 comme à Montpellier, sans oublier la flotte de la sécurité civile. Toutefois avec l’ EC 145, équipé IFR, il n’y a que du vol VFR, les équipages sont aussi moins chers.

Les hélico des SAMU sont toujours privés et n’appartiennent jamais à l’hôpital. Il faudrait pour cela que l’hôpital ait un certificat de transporteur aérien. Quand il y a changement de contrat et de prestataire, l’hôpital peut demander au nouveau prestataire de conserver les équipages s’ils ont apporté satisfaction.

Moyens humains du SAMU

Cette structure comporte huit équipages composés chacun de deux personnes, le pilote et son assistant. La permanence nécessite trois équipages par jour, 365 jours par an. L’assistant de vol a la certification ‘agent de sécurité incendie’ (SSIAP). C’est obligatoire pour assurer la prévention et la sécurité incendie dans les établissements recevant du public. Cette particularité tient au fait que le ravitaillement des hélicoptères se passe en terrasse, au-dessus de l’hôpital. En cas d’incendie, des sprinklers scellés sur le pourtour de chaque aire de parking diffuseront des produits moussants.

Des mécaniciens travaillent sur place au contrôle quotidien des appareils. Ceux-ci sont soumis à des entretiens réglementaires suivant leur nombre d’heures de vol. Ces phases de maintenance peuvent se dérouler sur place à l’hélistation dans leur hangar de Blagnac. Les maintenances plus lourdes sont réalisées à l’extérieur.

« L’assistant de vol est responsable de la sécurité au sol et en vol. Il participe à l’anti-abordage et l’anti-collision. Comme le personnel est embarqué et débarqué  rotor tournant, pour des raisons évidentes de gain de temps, il est présent pour assurer la sécurité durant ces phases. En vol, il participe à la décision de la zone de poser, renseigne les coordonnées GPS, et peut échanger également avec la régulation au sol. Cependant il n’a pas le certificat de radiotéléphonie pour communiquer avec les tours de contrôle. « 

Tous les jours deux équipes sont d’astreinte, la nuit une seule. Quand ils ne sont pas en vol, les pilotes attendent que le centre de régulation les appelle. Il leur indique d’abord le lieu d’intervention, sans précision quant à sa nature pour ne pas influencer leur décision. Ce n’est qu’après avoir accepté la mission que leur seront détaillées les caractéristiques de l’intervention. Ils prendront connaissance de sa nature, du matériel médical à prendre et des besoins spécifiques éventuels (sang, une couveuse, …). Les deux équipages d’astreinte peuvent être en mission en même temps dans la journée. Et certains jours il peut n’y avoir aucun vol.

Les missions du SAMU

Les Missions primaires consistent à se déplacer rapidement à l’extérieur, pour porter secours aux personnes en urgence vitale. Le périmètre géographique intègre toute la région Midi Pyrénées, à l’exception des zones montagneuses . Ainsi dans les départements du 09 et du 64, ce sont les Choucas qui assurent ces missions (Gendarmerie Nationale).

Les missions secondaires sont des transferts inter-hôpitaux, Auch, Rodez, Castres, Carcassonne, Tarbes. De temps en temps Marseille, Tours, Paris, mais généralement ça reste quand même les départements limitrophes de la Haute Garonne.

C’est la régulation qui décide des interventions : c’est le centre qui reçoit les appels des personnes et des hôpitaux,. Le gestionnaire des moyens décide alors en fonction de l’intervention le moyen le plus approprié à envoyer là-bas. Cela peut être un véhicule rapide, l’hélicoptère, une AR (ambulance de réanimation).

Nous, nous ne sommes que le vecteur, à l’instar des ambulanciers en bas, c’est l’équipe médicale qui fait le reste et s’occupe de tout. Nous intervenons directement chez l’habitant en se posant dans le jardin ou à proximité, au bord de la route pour un accident par exemple. Nous amenons l’équipe médicale sur place et, pour un soin urgent, ces patients sont alors rapatriés vers le CHU de Purpan. Souvent il faut attendre le bilan des pompiers avant d’envoyer une équipe particulièrement lorsque c’est loin.

Nous allons chercher quelqu’un dans un hôpital périphérique pour le ramener à Toulouse pour qu’il bénéficie d’un plateau technique plus efficace, où nous le ramenons de Toulouse vers son hôpital périphérique pour y finir sa convalescence.

Déroulement

Après l’acceptation de la mission suite à l’appel de la régulation, et une fois le matériel spécifique chargé, l’hélicoptère se déplace en vol stationnaire, du point de parking au FATO, (Aire d’approche finale et de décollage). Il suit alors des trajectoires publiées, pour éviter au maximum les nuisances sonores sur les riverains de l’hôpital et assurer la cohabitation avec les axes de Blagnac. La priorité sur les avions n’a lieu que si le patient est à bord avec une urgence vitale.

Les départs nord se font suivant la ligne de tramway, jusqu’au pont de Blagnac, et pour le sud, on va suivre la rocade pour atteindre la Garonne. Vu l’emplacement de l’hélistation on fait le maximum pour ne pas gêner le trafic de Blagnac.

« En intervention primaire, il n’est pas rare de se poser dans le jardin du patient, sur ou au bord de la route. La régulation nous donne l’adresse, à nous de vérifier et de préparer notre trajet notre et point de posé. Dans tous les cas, nous devrons nous poser au plus près. Parfois les pompiers sont déjà sur place. Ils nous ont préparé une zone de posé,  ou trouvé un champ plat à proximité avec un accès. Autrement, soit nous pouvons aussi arriver les premiers et choisir ainsi un endroit où se poser. Selon les situations cela peut se situer chez le voisin de la personne qui a besoin d’aide. Dans tous les cas, nous sommes rarement mal accueillis. Si vous habitez loin, prévoyez ou aménagez une zone un peu dégagée comme un terrain de tennis on ne sait jamais… cela pourrait vous (et nous) servir. »

Qui paie ?

Ni les opérationnels ni les gens de la régulation ne gèrent les coûts des interventions. Si il y a besoin de moyens spécifiques et aéroportés, ils envoient les moyens adaptés. C’est la société dans son ensemble qui prend en compte ces coûts. En principe, c’est l’hôpital qui paye le vol sur son budget tant que le patient n’est pas à bord. A partir du moment où le patient est à bord, c’est la sécurité sociale qui prend en charge les coûts. Dans tous les cas, que ce soit l’hôpital ou la sécurité sociale, c’est in fine l’État qui paye.

Conclusion et remerciements

Le soleil se lève au SAMU 31. Une sortie passionnante et un très bon accueil. Pas de vol cependant ce jour-là, ce qui a permis un échange enrichissant avec un pilote expérimenté, avec la vue la plus extraordinaire sur la ville rose et le soleil levant. Le SAMU 31 dispose de professionnels passionnés, au service des hôpitaux de la région. 

  • Honneur et respect à ces hommes, qui prennent d’importants risques dans l’exercice de leurs missions. Notamment celle de sauver des vies dans des conditions périlleuses.
  • Spot’air remercie chaleureusement le pilote Arnaud Starck pour sa disponibilité, son accueil, et pour son professionnalisme. En particulier sa patience à répondre aux questions et apporter toutes les précisions sur la mission du SAMU. Cette interview est à l’image des compétences dont doivent faire preuve les pilotes du SAMU 31 : patience et efficience.
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