Texte et photos de Robin Moret
J’étais déjà allé deux fois à Oshkosh par le passé. J’avais en particulier toujours été impressionné par les rassemblements que l’EAA était capable d’organiser en lien avec les anniversaires de tel ou tel appareil ou entité. On se souviendra en particulier du centenaire de l’aviation navale en 2011. De fait, alors que 2022 s’annonçait comme l’année des 75 ans de l’US Air Force, j’avais hésité entre trois shows : Oshkosh, Edwards ou Nellis. J’avais finalement réservé mes billets pour Chicago en me disant que je mettais toutes les chances de mon côté. Et de toute façon, un amoureux de l’aviation ne sera jamais déçu à AirVenture.
L’année du retour à la normale
Après un hiatus en 2020 pour raisons de COVID, l’EAA avait réussi à remettre sur pied AirVenture dès Juillet 2021, ce qui constituait déjà un tour de force. Toutefois les US étaient toujours fermés aux étrangers et cette première édition post-pandémie était celle du redémarrage. Les frontières ayant réouvert dans l’intervalle, l’édition de 2022 était donc celle du retour à la normale. A la nuance près qu’à une crise en a succédé une autre : la guerre en Ukraine. L’impact sur le tarif à la pompe a été fort même outre Atlantique. AirVenture étant avant tout un Fly-in, on pouvait craindre que de nombreux particuliers fassent l’économie de 100LL pour amener leur avions, ou même leur camping-car. Mais apparemment les amoureux des choses volantes avaient économisé ces deux dernières années !
AirVenture 2022 en chiffres
Les chiffres de l’édition 2022 sont éloquents :
- Plus de 10.000 appareils
- 18.684 décollages/ atterrissages sur la période du 21 au 31 juillet, sont un décollage / atterrissage toutes les 30 secondes sur les heures d’ouvertures de la manifestation
- 1.300 avions de collection, 1.100 avions de construction amateurs, 369 warbirds, 87 hydravions
- Plus de 650.000 visiteurs (soit 7% de plus que le précédent record en 2019) et 91 pays représentés
L’EAA avait beaucoup mis en avant l’anniversaire de l’Air Force pour attirer le public, mais finalement on peut se demander si l’USAF ne lui a pas fait faux bon. Un autre clou du spectacle devait être la venue du F-100 privé qui ne sort pas si souvent, et là aussi malheureusement il n’était pas au rendez-vous. Qu’importe, la fête a été belle quand même.
75 ans et pas toutes ses dents
Moi qui espérait une bonne panoplie de l’inventaire US Air Force, des décos spéciales, des heritage flights mémorables…. Je vais être franc : j’ai été déçu. Alors oui l’inventaire que je vais vous faire ci-dessous pourrait laisser croire que je suis un enfant gâté, mais en fait même en simple comparaison avec les éditions précédentes auxquelles j’ai pu assister, la participation USAF était en demi teinte. Pas la dérive d’un F-15, pas l’ombre d’un F-22 ou d’un Hercules. Même pas un passage d’un Thunderbird qui viennent pourtant habituellement toujours passer un petit coucou. Et surtout aucun bombardier. B-1, B-2, B-52, passez votre chemin.
La journée de show du lundi prévoyait un tableau « USAF Special Operations » mais le directeur des vols dû revoir sa copie pour boucher le créneau. Heureusement ce n’est pas un problème avec le plateau d’Oshkosh. Seule note positive mais inattendue, on a pu voir défiler sur la semaine tout ce que l’USAF compte de T-38 !
Restent les démos de cet affreux F-35A qui sont bien mais un peu fades. Et les Heritage Flight à base unique de Mustang alors qu’il y avait ce qu’il fallait de Skyraider, F-86 ou P-40 sur le terrain pour varier un peu.
- C-17A (1 West Virginia ANG statique + 1 USAF demo)
- A-10C (Indiana ANG statique + demo)
- KC-135 (Wisconsin ANG statique + flyby)
- F-16 (Wisconsin ANG)
- CV-22B
- C-5B
- KC-46A
- F-35A (Demo + Heritage Flight)
- U-2S (Flyby)
- T-6A (x2)
- T-38C (x4)
Les marins à la rescousse
Heureusement pour les spectateurs, les aviateurs de l’US Navy et des Marines auront volé la vedette à leurs camarades en uniformes bleus. Cela débute par une paire de Growler en démonstration qui ont su surfer sur la vague Top Gun Maverick. Pas de fioritures ici : ça passe vite, pleine PC, les F414 font un boucan du tonnerre, ça se satellise et ça termine par des appontages en bonne et due forme sur le porte-avions de Wittman Field, dont la piste fait pourtant 2500m.
Deuxième bonne surprise : une démo tactique d’une paire de E-2 Hawkeye. Oui, vous avez bien lu. Personne n’y avait pensé, alors ils l’ont fait. Pas banal et les cochers avaient décidé de secouer leurs machines. Je ne sais pas s’il y avait du monde aux consoles à l’arrière mais il fallait être bien accroché.
Les Marines pas en reste
Enfin, NAS Leemore détacha en milieu de semaine une paire de F-35C (US Marines !) en plus des EA-18G. Autant le F-35A est affreux avec ses petites ailes, autant le F-35C a une « gueule » que je dois bien reconnaître. Cette grande voilure lui donne un air de chauve-souris géante. Même ingrédients que leurs confrères pour des démos très sonores et dont les pilotes du Demo Team USAF pourraient s’inspirer.
Mixez ça avec une paire de Corsair ou un Skyraider et vous obtenez des Tailhook Flights du plus bel effet, surtout si vous faites décoller tout ça au soleil couchant en ouverture du night show.
Les Marines ont également envoyé une paire de MV-22B pour montrer les capacités de cet appareil qui reste un OVNI vingt ans plus tard. Et je me souviendrai longtemps du départ du CH-53 en fin de journée.
L’effet Maverick
A AirVenture, la vie commence à 6h du matin et finit tard, bien au-delà du show de l’après-midi. Tous les soirs en particulier, un écran géant est gonflé en bas d’un bout de terrain en pente. Tout le monde amène sa chaise pliante pour assister au film en plein air. US oblige, on peut acheter une piscine de popcorn pour accompagner le tout. 2022 étant l’année Top Gun Maverick, le film était évidemment au programme.
Mais l’EAA avait fait les choses en grand : pendant que les gens s’installent, un SkyWriter enchaine les « TOP GUN », « FLY NAVY » et smiley dans le ciel. La séance débute avec une interview du responsable des prises de vues aériennes qui était venu avec son avion. Et pendant son discours deux décollages PC-PC résonnent au loin. Quelques minutes plus tard, un Corsair accompagné d’un Growler et d’un F-35C survolent la foule et l’écran. Le film démarre dans la seconde. La foule exulte. Jamais un film en plein air n’avait rassemblé autant de monde auparavant à Oshkosh.
Autres moments forts
On ne peut pas résumer une semaine d’AirVenture en 1000 mots, mais pour boucler le tableau je citerai entre autres :
- Le vol des Cat de Grumman (F4F, F6F, F7F, F8F)
- Les 50 ans des Vans, avec un formation exceptionnelle réalisée par des amateurs
- La réunion autour de l’as centenaire Bud Anderson de ses avions Old Crow en version P-39C, P-51C et P-51D
- Les hélicos du Viet Nam (Huey, Cayuse, UH-34 Seahorse)
- Les démos de liners et en particulier du 777 United
- La venue de l’équipe Polaris Down (1 x MiG-29UB, 2x Alphajet, 3xL-39C, 1x Gulfstream)
- Les night shows et les passages du MiG-17F de Randy Ball avec sa PC torchère, conclut en beauté par un magnifique fireworks
Je vous l’avais dit : on n’est jamais déçu à Oshkosh. 2023 marquera le 70è anniversaire de l’EAA, je n’ai aucun doute que cet évènement sera plus consistant que les 75 ans de l’USAF ! Et merci aux Marins pour avoir assuré le show !!!
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