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USAF Thunderbirds Ouverture du show par les parachutistes T-33 Ace Maker

Edwards AFB – 75e anniversaire

Texte et photos Clément Ducasse

Le projet

Edwards Air Force Base airshow 2022.  Anniversaire des 75 ans du premier passage du mur du son.  Ces deux raisons sont largement suffisantes pour se décider, à réaliser un road trip aux USA !  Rapidement, un groupe de 7 adhérents se forme. Après moults échanges, nous décidons de faire un road trip dans le sud de la Californie.  Nous commencerons à Los Angeles et nous finirons à San Diego.  Edwards sera notre première escale.

Un petit pas pour l’homme, un grand moment pour le passionné

Dès 7h du matin, la file d’attente est constituée de plus d’une cinquantaine de voitures devant la North Gate. Le soleil se lève doucement sur le désert californien.  J’en profite pour tester le matériel et immortaliser ce moment.  Les portes s’ouvrent, nous entrons enfin dans cette base mythique, berceau des essais en vol de l’US Air Force, de la NASA, et des projets secrets de la célèbre firme « Skunk Works ». C’est cette dernière qui produisit, entre autres, le SR-71, puis le F-117A.  Nous arrivons bientôt sur le lac asséché de Dryden où se posèrent tous les avions d’essais américains.   L’un d’eux n’est autre que l’hypersonique X-15A que pilota Neil Armstrong.  Nous sommes sur les traces d’une partie de l’histoire de l’aéronautique et du spatial.  Sitôt sorti de la voiture, il est indispensable de toucher le sol et de se dire : ça y est, j’ai “marché” sur Dryden.

De belles choses au statique

Après un bref check-up de sécurité, nous embarquons à bord d’un Yellow School Bus et nous sommes emmenés sur le tarmac.   Le public est nombreux, et il faut rapidement prendre une décision pour installer le camp de base.  A droite ? A gauche ? Au centre ? Vont-ils passer au roulage ?  Aucun moyen de savoir, nous optons alors pour rester sur la partie gauche.  Si besoin, le lendemain sera l’opportunité de changer de côté.  Une fois postés, les appareils photos en main, nous partons chacun de notre côté faire les appareils exposés au sol.  

Parmi les stars du parc statique, se trouve le fameux prototype « Darkstar » du film Top Gun Maverick.  Cette maquette, à l’allure très affûtée, semble prête à aller flirter avec Mach 10.  A ses côtés se trouve un Lockheed SR-71, bien réel celui-là. Ce dernier, que beaucoup aimerait revoir faire une passe pleine PC engagée. Plusieurs appareils de la NASA sont exposés au statique, dont un T-34 ‘Mentor’ et un F/A-18C ‘Hornet’. À noter que tous les appareils du centre d’essai en vol sont désormais marqués « Armstrong Flight Test Center ».  Un Tristar, appareil rare désormais, est également présent, son fuselage étant équipé pour emporter des fusées ou autres engins expérimentaux.

Le 747 ‘SOFIA’ est également annoncé au statique.  SOFIA est l’unique exemplaire de ce Jumbo Jet Il est fortement modifié pour incorporer un télescope géant. Ce dernier fera l’extraordinaire plaisir de faire deux passes avant de se poser.  La deuxième d’entre elles sera faite « soute » ouverte permettant d’admirer le télescope.  Le long roulage permet de le photographier sous plusieurs angles.

Stars and Stripes

L’heure des démonstrations dynamiques approche, plusieurs appareils décollent, dont un C17.  Le show aérien commence traditionnellement par un lâcher de parachutistes qui se conclut au son de l’hymne américain.  À ce titre, il est notable de mentionner que pendant l’hymne, civils et militaires se mettent au garde à vous. Cinq parachutistes portent des drapeaux, pour l’US Air Force, les Marines, la Navy ainsi que l’Army.  Le dernier parachutiste emporte une gigantesque bannière étoilée.  

Après ce ballet tout en silence, un bang « sonique » sonne le départ du show aérien.  Le présentateur prévient au micro, nous aurons droit à 3 bangs chaque jour.  

Comparativement aux airshows européens, le programme dynamique parait assez court, à peine 4 heures, mais densément rempli.  

Le show commence avec une démonstration de force d’une attaque simulée. Une douzaine d’appareils s’alignent sur la poste et partent les uns derrière les autres.  F-15C/E, F-16s, F-22A et F-35A, la fine fleur de l’US Air Force est représentée.

L’Air Force démarre le show

Les premiers joueront le rôle des Agressors (Red Air).  Leur mission est de simuler l’attaque d’un aérodrome en multipliant les passes de largage de bombes et straffing.  Puis, la Blue Air rentre en jeu et va chasser les Red en offrant des dogfights bien chorégraphiés.  C’est au cours de ce tableau que plusieurs appareils vont survoler le public, chose inédite et interdite en Europe !

Autre démonstration assez classique mais toujours appréciée, la simulation de ravitaillement en vol.  Un F-22A se présente à la perche d’un KC-135, avec un F-35A dans son aile.

Dans un coin de ciel, le C17 qui a servi à larguer les parachutistes revient et fait une petite danse en l’air pour le plus grand plaisir du public.  Il se présente assez haut, certainement pour faire un posé d’assaut « agressif ».  A notre grande surprise, les « reverse » (inverseurs de poussée) sont sortis !  Une manœuvre qui est généralement strictement interdite en vol car synonyme de catastrophe.  Mais cet appareil a été conçu avec cette option intégrée dans le but de réduire sa présence en zone dangereuse.  En effet, un avion peut devenir une cible facile lors de sa phase d’atterrissage.  Permettre de sortir les « reverse » en vol réduit le temps nécessaire à cette phase critique et protège ainsi l’avion, ses occupants et/ou sa cargaison.

Un B1b fera une démo exceptionnelle avec la simulation de largage d’un tapis de bombe (mur de flammes) et un « aileron roll » en guise de clôture de ballet.   Cette démonstration à elle seule valait le déplacement.  Ce bombardier est taillé comme un chasseur, fin et racé, permettant de flirter avec la vitesse du son, même à basse altitude.  Sa manœuvrabilité apparente, sa capacité à glisser dans l’air me laissent rêveur, cet avion est un bijou aéronautique !

La NASA au rendez-vous

Un trio de la NASA s’annonce ensuite.  Un F-15B, un F/A-18, et un Gulfstream ravissent le public  avec une très jolie passe à l’anglaise.  Le Gulfstream reviendra seul, les deux chasseurs prenant de l’altitude, ce sont les deux « bang » soniques qui se préparent.  Chacun leur tour, ils passent le Mach.  Pour le F/A-18 qui a reçu des modifications aérodynamiques  rendant son « bang » bien plus discret.  Il faudra tendre l’oreille pour l’entendre !  Après ce nouvel hommage aux explorateurs aéronautiques, les deux chasseurs referont une passe à deux sous les clameurs de la foule.

Puis, à chaque airshow ses voltigeurs, c’est maintenant leur tour.  Tous aussi casse-cou les uns que les autres, alliant précision et maîtrise du vol avec une habileté impressionnante.  Impressionnante également est leur altitude minimale d’évolution : c’est en fait le sol.  Certaines de leurs ressources et autres acrobaties se font au ras du sol, ce qui rend les évolutions d’autant plus spectaculaires.

Thunderbirds !

Finalement, le dernier appareil se pose.  Serait-ce déjà la fin ?  Non, c’est l’heure des Thunderbirds !  Le temps à Edwards s’arrête alors pour leur laisser la scène.  Leur show millimétré s’accomplit en trois phases distinctes : le ground show, l’air show, et le recovery show.  Chaque phase est précise et rien n’est laissé au hasard.  Les mécaniciens arrivent aux avions et font une dernière vérification d’avant vol.  Les pilotes arrivent ensuite, montent dans leur avion, saluent les pistards et mettent en route.  Ils s’élancent ensuite deux à deux vers la piste.  Le premier box de quatre décolle, puis un solo, et le deuxième solo qui décollera à contre-sens, pour le spectacle. 

Leur performance est digne de leur réputation, ils sont impeccables dans les cieux.  Après une quinzaine de minutes, un dernier croisement à six, et ils se posent.  La troisième et dernière phase de leur démonstration a lieu. Comme à la mise en route, tous les gestes sont faits en simultané sur les 6 appareils.  Les pistards amènent l’échelle, les pilotes sortent du cockpit, saluent leurs équipiers, puis leur équipe au sol.  Encore quelques gestuelles répétées des centaines de fois, et c’est la fin de ce spectacle, qui conclut l’airshow.

Le seul regret de cet airshow pourrait être l’absence de deux appareils qu’il aurait pu être de bon ton de voir. Nous aurions aimé a minima les voir au statique lors d’un événement si exceptionnel. Le DC8 et le U2 de la NASA étaient annoncés mais n’étaient finalement pas présents.

Ambiance fin de journée

Rapidement, tout le public se dirige vers la sortie.  Il est temps de profiter encore un peu de quelques photos des appareils au statique.  La lumière est encore belle, et la Golden Hour n’est pas loin.  

Le retour se fait à pied, jusqu’au parking, afin de savourer jusqu’au bout de l’atmosphère de cette base.

En ce qui concerne les goodies, un « coin » a été fait spécifiquement pour l’occasion, mais pas de patch. Les boutiques sont nombreuses mais diffèrent assez de ce que l’on peut trouver en Europe.  On trouvera assez peu de patches, flammes, ou autres.  Ce sont surtout des souvenirs assez génériques, et bien entendu sur les Thunderbirds et la NASA !

Le programme du lendemain est quasiment identique.  Sitôt l’airshow fini, nous prenons la route vers Palm Springs et de son célèbre musée.

Un premier airshow aux Etats-Unis qui comble toutes les attentes.

Consulter l’ensemble des photos dans note galerie dédiée

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