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Avec les pompiers du ciel en Californie

Texte et photos de Maxime Garcia

L’aéroport d’Hemet-Ryan se trouve à 6 km au sud-ouest d’Hemet, dans le comté de Riverside, en Californie.
Hemet-Ryan est une base principale d’attaque aérienne du California Fire. Il abrite également une unité d’aviation du département du shérif du comté de Riverside.

L’aérodrome a ouvert ses portes en septembre 1940 pour l’United States Army Air Corps.
Désactivé en décembre 1944 avec le retrait du programme de formation des pilotes de l’Army Air Forces Flying Training Command, l’aérodrome a été déclaré excédentaire. Ainsi il fut transféré au Army Corps of Engineers.
Pendant plus de 50 ans (environ 1959–2009), Hemet-Ryan était un site populaire pour l’exploitation de planeurs (planeurs). Sailplane Enterprises, une école de pilotage commerciale de planeurs, y a opéré de 1969 à 2009.

Californie Fire – Air Attack

Confrontée depuis plusieurs années à une sécheresse record et des incendies spectaculaires, la Californie a mis en place un réseau de 19 bases. Elles pouvent accueillir des moyens aériens nécessaires à l’observation et au traitement des incendies.
Cette dispersion de bases sur l’ensemble de l’état californien permet, qu’après le déclenchement de l’alerte, le temps d’arrivée sur le site de l’incendie ne dépasse pas les 20 minutes.
Ryan Air Attack est une base conjointe Air Attack / Helitack exploitée par le California Department of Forestry and Fire Protection (Riverside Unit). La base met à disposition un service d’avions d’attaque initiale sur plus de 44 000 km2 de terres privées, étatiques et fédérales.
Jusqu’en 1998, Ryan était statistiquement la base de ravitaillement aérien la plus fréquentée des États-Unis. Elle livrait en moyenne 1,5 million de gallons de retardateur par an.
Actuellement, deux Trackers S-2, un OV-10 Bronco et un S-70i Firehawk sont stationnés en permanence sur la base. Ils sont occasionnellement appuyés par un S-64 Skycrane, présent lors de notre visite.

Les Bronco :

La flotte du Cal Fire s’élève à 15 North American / Rockwell OV-10A Bronco. Ils jouent principalement le rôle de poste de commandement et de contrôle. Acquis au surplus du Marines Corps, les Bronco sont très manœuvrants, agiles et modernes. L’équipage se compose d’un pilote à l’avant et d’un “air attack supervisor” à l’arrière. Ainsi, ils assurent la coordination tactique avec le commandant des opérations présent sur la zone d’opération. Ils transmettent toutes les informations nécessaires sur le feu à traiter.

Les OV-10A du Cal Fire sont modifiés par rapport au modèle original avec l’adjonction d’un réservoir supplémentaire, de moyens de navigation et de communication modernes. En outre, ils intégrent des hélices 5 pales augmentant le niveau de performance.

Les Tracker :

Au nombre 23 exemplaires du Grumman S-2F3AT Turbo Tracker, cette version “turbinisée”, similaire au modèle français, a été modifié par Marsh Aviation à Meza, en Arizona, dans les années 90. Cela a été fait en modifiant des appareils de l’US Navy déclassés mais offrant encore un très bon potentiel. Opérationnels depuis 2001, ils sont essentiellement utilisés dès l’attaque initiale des incendies par le largage de produit retardant. Cela se fait sous la supervision du “air attack supervisor” présent à bord du Bronco.

Le produit retardant est composé de sel chimique, d’eau, d’un produit épaississant et d’un colorant lui donnant sa couleur orangée. Le retardant n’a pas vocation d’éteindre les incendies mais de limiter la propagation des flammes sur la flore recouverte du produit. La particularité des Trackers du Cal Fire, par rapport au modèle français, est son remplissage s’effectuant par l’arrière de l’avion en place du détecteur d’anomalie magnétique (MAD). Il intègre un système de prise rapide optimisant le temps de remplissage au sol en quelques minutes, moteurs tournants.

Une seconde vie pour les anciens combattants

L’idée d’adapter un hélicoptère militaire pour en faire un bombardier d’eau n’a rien de nouveau. Les surplus d’appareils militaires offrant une nombre important de machines ayant encore un très gros potentiel d’utilisation en seconde vie permit de modifier des dizaines de Bell UH-1D/H Iroquois démilitarisés pour la lutte anti-incendies un peu partout en Amérique du nord et en Europe occidentale.
Sikorsky n’en attendait pas mieux pour entrer de plein pied dans ce marché, certes de niche, mais ô combien symbolique. Une machine parut évidente, l’UH-60 Blackhawk militaire décliné en version S-70 Firehawk, lancé en 1997.
Les débuts de cette nouvelle version spécialisée du célèbre Blackhawk furent difficiles car aucun client de lancement ne s’est manifesté. Le constructeur ne voulait pas développer un énième appareil pouvant enlever un Bambi bucket. Le projet voulait que le nouvel hélicoptère dispose d’un réservoir d’eau en propre, comme les avions bombardier d’eau.

Le S-70i Firehawk, un hélicoptère bombardier d’eau taillé pour la Californie.

En 1999, quatre UH-60L démilitarisés furent rachetés à l’US Army donnant naissance au S-70A Firehawk. Le S-70A était peu adapté. Et surtout, il disposait d’un emport trop faible.
S’en suivi en 2010, le S-70C Firehawk basé sur SH-60B Seahawk en service dans l’US Navy. Il offrait une capacité de 3785 litres tout en embarquant une équipe de techniciens déposés au plus près de la zone à traiter.
En 2018, Sikorsky sortit sa troisième génération du Firehawk basée sur le S-70I à partir d’appareils produits en Pologne dans les ateliers de Mielec. Ils furent rapatriés aux États-Unis pour les équiper de leur matériel de lutte anti-incendie similaire à celui installé sur le S-70C. En septembre 2021 le Cal Fire fit l’acquisition de cinq machines neuves.
Le Sikorsky S-70i Firehawk est sans doute un des meilleurs hélicoptères de lutte anti-incendie. Le nom Firehawk est une marque déposée par Sikorsky. Seuls les appareils transformés par le constructeur ont le droit de porter cette appellation.

Une visite qui vaut le détour

On ne peut pas dire qu’Hemet soit l’endroit le plus prisé des touristes de manière générale mais ça mérite le détour si on se trouve dans le secteur.
Le personnel de Cal-Fire est toujours disponible pour assurer une visite commentée dès qu’ils aperçoivent des photographes postés aux abords du petit “spotter area” situé sous la tour de contrôle historique.

Nous tenons à remercier l’ensemble du personnel du Cal Fire d’Hemet, pour leur accueil, disponibilité et visite commentée hautement intéressante.

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