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Mai 31

Radom Air Show 2023

Texte de Robin Moret, photos Clément Ducasse, Robin Moret

Retour en arrière, en 2018 pour être précis. Encore une fois, ceux qui reviennent du show de Radom ramènent des pépites en photos. Des Sukhoi, des MiG, des Antonov, du Hind, du JF-17. Je ne suis pas trop familier des meetings d’Europe de l’Est, mais je me décide : j’irai à la prochaine édition de Radom, sans doute en 2020. Ah, mince, le COVID 😷 ! Bon, rendez-vous en 2022 alors, le temps qu’on tombe les masques ? Ah mince, l’invasion par Poutine 🇺🇦. Le show est finalement annoncé en 2023 après un hiatus de cinq années. Je me dis que ce show à moins de 200 km de la frontière ukrainienne pourrait être une bonne occasion pour l’OTAN de montrer un peu les muscles et de ramener du matériel sympa. Les billets sont pris, la place spotter réservée, les cartes SD sont prêtes !

Une semaine avant le voyage, ma motivation n’est plus aussi forte qu’au moment de la réservation. D’une : les pontes de l’OTAN n’ont pas eu la même vision que moi. Peut-être que le matériel est plus utile en vol que sur le statique d’un airshow. La présence US est assez réduite, pas de B-1B, ou de F-22 comme je l’espérais secrètement. Tant pis, le plateau est loin d’être ridicule pour autant avec pas mal de solo displays annoncés. De deux : peu d’infos sur l’organisation du spotter Day. Si ce n’est qu’il faudra aller récupérer son pass la veille et pas de parking dédié le jour J. Et enfin, la météo annonce des orages sévères non-stop en cette dernière semaine d’août… Je crains l’état des points de spot situés au milieu des champs.

Journée entrainement

J’arrive sur place le vendredi et je me positionne dans le fameux champ situé de l’autre côté de la piste dans l’axe des démos. Les paysans mènent leur business avec un petit droit d’entrée dans leur propriété. Pas besoin de parler anglais pour se comprendre.

Le vendredi est dédié aux arrivées et à quelques entraînements. J’aurai sans doute mieux fait de me placer au seuil de piste pour mieux profiter des arrivées. Car autant le champ est bien pour les démos, autant les arbres qui bordent les limites de la base masquent beaucoup les atterrissages. Bonne surprise, le ciel initialement gris tend à se dégager et la fin de journée est très belle. Mes tympans se rappelleront un passage par le Solo Viper Belge en pleine PC vertical ma position. Ça décoiffe !

Faites entrer les fauves !

Le lendemain, première journée officielle, l’organisation attend plus de 250 000 personnes. Un système de parkings déportés et de navettes en bus est mis en place un peu partout dans la ville. Ne sentant pas trop cette solution pour être sûr d’arriver à l’heure au rendez-vous spotter, je creuse le sujet via Google Maps. Objectif : trouver une zone la plus proche possible de l’entrée où je puisse laisser la voiture de location sans trop craindre de la retrouver à la fourrière ! Sans surprise, le trafic est chaotique dès le matin. Il me faut pas loin de 15 minutes à pied pour rallier la zone. La queue pour l’entrée grand public fait déjà plusieurs centaines de mètres et le show n’ouvre que dans une heure…

Zone spotter

Les spotters entrent sur zone en avance, et chacun prend « possession » de son petit coin d’estrade accolée au taxiway. Malheureusement une énorme tour de haut-parleurs bouche la vue sur les mouvements arrivant de la gauche. Mais, bon côté des choses, on a le droit à des bouteilles d’eau à volonté, un repas et une tente climatisée. Ce sera une très bonne chose car si l’orage nous épargnera aujourd’hui encore, il fera très chaud et très humide toute la journée. Je profite du fait que le grand public ne soit pas encore rentré pour faire le statique et je retrouve l’estrade à 10h pour le début du show.

Et c’est parti pour le show

La matinée démarre avec les vieilles gloires, dont des machines locales, « RWD » inconnues au bataillon, un P-51 venu d’Autriche, un Chipmunk, un Cub, et surtout une belle paire de MiG-15 (un mono et un biplace) privés. Après un coup de fanfare, l’accueil du ministre de la défense et un largage de parachutistes pour ouvrir officiellement le show, c’est l’heure du grand défilé !

Le grand défilé

Pour l’occasion, la plupart des unités des forces aériennes ont eu leur moment de gloire au cours d’un beau défilé. Mais aussi les unités hélicoptères des forces terrestres, de la marine et des forces spéciales (une branche à part chez les polonais). Au total, plus de 100 machines en formation impeccable, commençant par les hélicoptères et l’aviation d’entraînement, puis les chasseurs ainsi que les avions de transport et les VVIP.

Un après-midi bien rempli

Tout au long du week-end, les polonais font la part belle à leurs propres forces, bien équipées soit dit en passant ! Mais le vieux matériel soviétique qui peut attirer les spotters ne constitue plus la fierté des forces aériennes locales. Contrepartie de la modernisation opérée par les militaires polonais qui préfèrent montrer leurs F-16 américains, FA-50 coréens, M-346, AW101 ou AW149 européens, plutôt que des Su-22, MiG-29 ou Mi-14. Ces derniers ne sont pas cachés pour autant, mais réduits à des passages assez classiques. Le programme inclut entre autres trois patrouilles locales, dont une sur Rallye, des voltigeurs locaux et les Flying Bulls.

Beaucoup de solo displays sont présents : F-16 belge, danois, grec (et polonais bien sûr), Typhoon britannique, F/A-18 finlandais. La plupart useront et abuseront des largages de leurres, une pratique que j’avais oubliée, moi petit spotter du sud de la France où cela est interdit ! Grand absent de la fête : le Rafale Solo Display, pourtant prévu au programme. L’avion de support ayant fait défaut, c’est tout le dispositif qui a dû être annulé. Les ailes françaises étaient donc bien absentes à Radom.

10 h de show non-stop

La première démo débuta à 10h. En début d’après-midi, les cumulonimbus se sont développés dans une atmosphère bien humide tout autour de nous. Heureusement, pas une goutte sur l’aéroport mais combien de bouteilles d’eau descendues dans l’après-midi à cause de la chaleur ? A 18h, le soleil perce sous la couche nuageuse. Le solo display F-16 polonais s’en donne à coeur joie dans la belle lumière de fin de journée.

A ce stade, on pourrait croire que le show était terminé. Mais après cinq années de disette, les polonais avaient rassemblé de quoi alimenter plus de 10 h de show non-stop. Et le public était toujours aussi nombreux à 19h qu’à 10h. Ainsi à la nuit tombée, c’est tout un show nocturne qui se déroula pour le plus grand plaisir de tous. Il se conclura en beauté par un largage leurre du C-130E polonais.

Spotter des villes, spotter des champs

Le dimanche, avec les autres membres de Spot’Air, nous nous donnons rendez-vous dans le champ de l’autre côté des pistes. Craignant la foule, là encore le rendez-vous est matinal. La nuit a été balayée par les orages mais fort heureusement pas de quoi transformer les champs en pataugeoire. Si la butte est déjà bien pleine, nous arrivons à nous dégager un point de vue le long du grillage. Exit le contre-jour de la veille, exit les haut-parleurs qui bouchent la vue, nous profitons pleinement de la redite du défilé sous un beau soleil. La journée restera sèche et finalement le cataclysme que la météo avait prévu n’aura pas lieu. Ouf ! Sur ce point de spot, nous enchaînons les passages très proches et le sourire est de mise.

Brawo i dziękuję!

C’est donc rassasié en démo, les cartes SD bien pleines que je rentre en France. Et le parapluie aura été finalement inutile. Certes les Américains n’étaient pas très présents, certes le matériel soviétique était un peu relégué au second rang, mais cela n’a pas eu une grande importance. Les polonais ont (encore) montré qu’ils pouvaient organiser un rendez-vous de classe mondiale et je suis très content d’avoir pu assister à cette édition.

Envie de voir plus de photos : rendez vous sur la galerie photo Radom du site Spotair !

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