Texte et photos de Vincent Servière
Le 30 avril dernier, le Musée Européen de l’Aviation de Chasse à Montélimar, dans la Drome, a été le théâtre d’un événement particulier pour lequel Spot’Air a été convié : l’anniversaire célébrant les 25 ans d’Airshow du North American OV-10 Bronco,.
Et pour cause, l’OV-10 Bronco est le seul appareil du Musée en état de voler. Cette journée lui est donc dédiée avec, pour l’occasion, quelques décorations spéciales sur sa peinture qui rend cet avion si particulier.
Les festivités de l’évènement auront lieu l’après-midi, à l’aérodrome de Montélimar jouxtant le musée. Une fois les formalités administratives relatives aux accréditations effectuées, le temps de la matinée se consacre à visiter l’immense collection au sol.
Le Musée
Le musée qui a aujourd’hui 35 ans, a ouvert ses portes en juin 1987 grâce à l’impulsion de passionnés d’aviation. Le but initial de ce projet était la sauvegarde du patrimoine aéronautique civil et militaire. De nos jours, le musée s’étend sur une surface de plus de 25000 m² dont 5000 m² couverts. La collection, unique et impressionnante, compte plus d’une cinquantaine d’appareils parmi lesquels les légendes de Dassault (Mirage III, Mirage 2000 entre autres), côtoient des monuments de l’aviation tels le DC-3 ou encore le F-104 Starfighter. Toutes les générations de l’aviation sont représentées.
Des hangars pleins de surprises
Ma visite débute par le premier hangar : celui-ci est un formidable tableau aéronautique et international, mêlant Mirage III RS suisse,. Etendard IVM, Mirage F-1C, MS.760 Paris IIR, ou encore JAS 35 Draken. Ce hangar permet de contempler également les nombreuses maquettes d’aéronefs présentes dans des vitrines. La visite se poursuit à l’extérieur. En parcourant, les allées du parc qui sont un régal pour les yeux, de nombreux appareils de légende continuent d’émerveiller. La suite de la visite s’effectue dans les différents hangars que compte le musée. Dans l’un d’eux, je tombe sur un Epsilon.
Les 25 ans d’Airshow du Bronco
Dans le cadre des festivités privées organisées, le restaurant du musée a ouvert ses portes, pour un déjeuner, aux invités et personnes accréditées présentes, dont plusieurs membres de Spot’Air.
15h00 : le hangar du Bronco. Les festivités commencent par un discours de bienvenue et de remerciement de la part de « Chuck », un des pilotes démonstrateurs du Bronco. Il nous présente l’avion et raconte son histoire, son passé, et sa carrière . Ensuite, il retrace les débuts du Bronco en meeting aérien, en 1997 à la Ferté Alais. Chuck présente par la suite un ancien pilote de l’US Air Force :le colonel Lawrence Mastny. Ce dernier a volé sur différents appareils comme l’OV-10 Bronco, le F-4 Phantom II et le T-38 Talon.
Enfin, les discours passés, l’avion star du jour sort de son hangar afin que l’on puisse admirer la décoration spéciale des « 25 ans d’Airshow ».
A l’origine du Bronco
Mais avant, un peu d’histoire. Les origines du Bronco remontent aux années 60. L’armée américaine recherchait un avion pour des missions de lutte antiguérilla. North American proposa le projet NA-300 qui fut finalement retenu. Cela aboutit à un avion propulsé par deux turbopropulseurs avec une configuration bipoutre. L’équipage est installé en tandem. L’OV-10 est en capacité de décoller et d’atterrir sur des pistes courtes et des terrains sommaires. Le Bronco peut emporter une charge importante de munitions. De plus, il dispose, en interne, de 4 mitrailleuses de 7.62 mm. Il a effectué son premier vol en 1965 avant d’entrer en service vers 1968. Son premier engagement opérationnel eu lieu lors de la guerre du Viêtnam. Il sera utilisé par l’US Marines Corps et l’US Air Force.
Ces missions seront diverses et variées : contre-insurrection, contre-guérilla ainsi que du contrôle aérien avancé au profit des troupes au sol et aux unités chargées de récupérer les aviateurs abattus. Le rôle du contrôleur aérien avancé consiste à repérer l’ennemi et à le marquer, à l’aide d’une roquette de marquage, afin de désigner la cible aux avions d’attaque. Il sera utilisé jusqu’à la fin de la guerre. Au Viêtnam, l’US Air Force a perdu 63 appareils (47 pertes au combat et 16 pertes accidentelles). Par la suite, le Bronco sera engagé dans d’autres conflits, notamment pendant la guerre du Golfe en 1991. Outre les Etats-Unis, plusieurs pays seront utilisateurs de l’OV-10 (Allemagne, Colombie, Maroc entres autres). En 1995, les forces armées américaines retirèrent le Bronco du service actif. La Colombie l’utilisera dans des opérations anti-drogue jusqu’en 2015.
Un Bronco en France
L’appareil présent à Montélimar est un OV-10B Bronco immatriculé F-AZKM. Il s’agit d’un dérivé de la version américaine. Une des particularités de cette version est un réacteur installé sur le dos de l’appareil. Très vite, et en raison de difficultés, le réacteur fut enlevé. Cet appareil a appartenu auparavant à l’armée allemande. Son rôle était de remorquer des cibles au profit des pilotes de chasse de la Luftwaffe. L’Allemagne fut le seul pays à utiliser le Bronco en tant que remorqueur de cibles. En décembre 1991, cet appareil est arrivé à Montélimar. Il fut obtenu grâce au jumelage des villes de Montélimar et de Ravensburg dont il portait les couleurs à l’origine Commencent alors plusieurs années de remise en état. Il revolera de nouveau en 1997. Par la suite, cet OV-10B fut transformé en OV-10A aux couleurs des Marines. A chaque saison, les pilotes du Bronco le font voler lors de différentes manifestations aériennes et en particulier lors de l’incontournable meeting « Le temps de hélices » qui se tient à la Ferté Alais.
Un moment de grâce
Après cette présentation statique, l’avion est amené sur le terrain d’aviation aux côtés d’un C-160 Transall. Viennent ensuite plusieurs invitées de marque, les miss Drôme qui, au nombre de trois, se prêteront avec plaisir à un shooting photo au côté du Bronco. L’ambiance de la célébration se veut résolument tournée vers les origines US de l’avion. Il est ainsi possible de croiser de vieux taxis new-yorkais jaunes, les fameuses voitures américaines Mustang et des motos Indians. Côté aéronefs, un T-6G Texan de l’association des Ailes Anciennes de Corbas fait l’honneur de sa présence. L’après-midi est consacrée à la prise de photos en statique et aux interviews avec les pilotes. En marge de l’évènement, le musée reste ouvert au public.
Un moment de partage
Un repas de gala à l’intérieur du hangar du Bronco a lieu en soirée. La paëlla qui nous est servie est l’occasion de continuer à échanger avec les personnes invitées telles les journalistes locaux, les spotters et les pilotes. En particulier, le colonel Mastny me fait l’honneur de s’assoir à mes côtés. Nous engageons une discussion et ce, malgré la barrière de la langue. Cette conversation fut riche et passionnante. J’en retiens une anecdote ; janvier 1973 : le colonel Mastny, alors pilote de Bronco, se trouvait en Californie prêt à partir pour le Viêtnam. Hélas, il fut stoppé dans son élan. Les USA, avec le Sud-Vietnam, le Nord-Viêtnam et le Viet Cong, venaient de signer les accords de paix à Paris consécutivement à l’opération Linebacker II (18 au 29 décembre 1972). Cette opération avait pour but de faire ramener, à la table des négociations, le gouvernement d’Hanoï. Suite à cela, le Colonel Mastny dû arrêter les vols sur OV-10 Bronco et est ensuite devenu instructeur sur T-38 Talon, un autre avion de légende.
Une fin de soirée en beauté
Après le dîner, place à l’apothéose de la journée : une démonstration crépusculaire du Bronco, que l’on retrouvera au RIH de Biscarosse quelques semaines plus tard. Pour l’occasion, la DGAC a homologué une démo avec emport de pyrotechnie. En effet, pour cette démo, le Bronco est doté d’éclairage spéciaux et de dispositifs pyrotechniques.
Le show crépusculaire laisse ensuite place à une séance photo nocturne. Des projecteurs sont installés tout autour des appareils afin que l’on puisse les photographier sans trop de difficultés.
L’anniversaire des 25 ans de démonstrations aériennes de l’OV-10 Bronco du Musée Européen de l’Aviation de Chasse a été l’opportunité unique de faire de belles rencontres et de partager de formidables moments en compagnie de passionnés.
Une chose est sûre : ce musée regorge de trésors et contribuera longtemps à faire rêver petits et grands.
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