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Mon saut depuis un DC-9

Texte et photos : Yann COAJOU

Une passion de jeunesse

J’ai commencé le parachutisme à 19 ans en 1996 après avoir passé mon brevet de base avion qui existait encore à l’époque. Passionné par tout ce qui vole depuis aussi loin que je me souvienne, le parachutisme a été un bon moyen pour rester au contact des avions. Il m’apportait aussi énormément sur le plan du développement personnel. J’ai progressé. Et j’ai fini par espérer pouvoir sauter d’avions un peu plus exotiques que le classique Pilatus PC-6.

Un rêve d’enfant

Durant un été, alors que j’étais plus jeune, un grand rassemblement de parachutisme, à Quincy dans l’Illinois, proposait de sauter d’un Boeing 727 par la rampe arrière. Malheureusement, ce rassemblement n’est plus organisé aujourd’hui. De fait, je n’avais pas eu l’opportunité de faire le saut d’un avion de ligne qui me faisait rêver. J’ai bien sauté depuis un Antonov 72 à Vichy mais on était dans un autre registre.

En Avril 2008, avec un ami, nous débarquons à Perris Valley (Californie) pour une semaine de sauts. C’est mon troisième séjour aux Etats-Unis. J’avais déjà fait deux séjours à Eloy en Arizona. En arrivant à Perris, nous voyons un Douglas DC9 aux couleurs de Skydive Perris sur le tarmac . Renseignements pris, nous apprenons que l’avion n’est plus en état de voler. Mais il pourrait être remis en vol bientôt. 

En 2008, il n’est donc pas possible de sauter de cet avion mais j’avais l’espoir qu’un jour cela soit possible. J’y retournais en Décembre 2010 avec la même constat. Ces deux premières sessions à Perris nous ont quand même permis de faire une centaine de sauts. Nous avons sauté de Pilatus PC6 (ce n’est pas commun aux US) , Twin Otter et Skyvan mais pas de l’objet de mes rêves.

Toujours à l’esprit

Plus tard, au cours de déplacements professionnels , j’aurais l’occasion de repasser à Perris pour faire d’autres sauts. Mais toujours pas de DC9, même si je le voyais toujours sur le tarmac. Le staff avait toujours la même réponse « Ils travaillent dessus mais pas de date de retour en vol ». Pas de possibilité non plus de s’en approcher pour faire des photos.

En mai de cette année 2024, des copains navigants nous avaient proposé, à ma chérie et moi, de venir en rotation avec eux à Los Angeles pour aller sauter à Perris. Malheureusement, notre emploi du temps ne le permettait pas et nous avons dû décliner l’invitation.

par la suite, nous recevrons messages, photos de leur part nous montrant le retour en vol du DC9 avec un saut prévu le lendemain. Ils ont donc pu sauter et partager leur expérience incroyable. 

Le rêve devient réalité

Le rêve pouvait devenir réalité, les réseaux sociaux annonçant à ce moment le retour en vol et la possibilité de venir sauter le samedi suivant.

Aussitôt, je me renseigne pour prendre un vol le vendredi matin avec un retour le samedi soir pour sauter le samedi matin. Les risques de ne pas pouvoir sauter à cause du peu de temps sur place et de la météo possiblement capricieuse ont eu raison de cette tentative. J’espérais avoir des informations plus en avance pour m’organiser plus sereinement.

Mi-Juin, un mail de Skydive Perris annonçait l’organisation de l’Independence Boogie avec des largages prévus depuis le DC9 le 6 et 7 Juillet. Il n’était pas question de rater cette opportunité cette fois-ci.. Je prépare l’intendance pour le voyage. Une date est prise pour une arrivée à la drop zone le vendredi 5 juillet dans l’après-midi pour la partie administrative. Je vise LE saut pour le samedi 6 au matin. Cette fois, le vol retour est prévu le dimanche soir. Il faut pallier presque toutes les éventualités.

Une organisation à l’américaine

A notre arrivée, l’organisation est « à l’américaine ». On fait les formalités et on s’enregistre pour le deuxième vol de la matinée du lendemain. Le lever est prévu à l’aube le samedi matin afin d’être les premiers à la location de parachute pour ma compagne. A 6h du matin, nous sommes devant l’atelier. L’ouverture prévue à 7h30. Le parachute de location récupéré, on monte la voile sur le sac et nous préparons nos affaires pour le saut. Casques, gopro, et insta360 sont également de la partie  (je vais garder des souvenirs !). Pas de combinaison sur ce saut, il fait plus de 40°C au sol. Je privilégie l’option short / t-shirt.

Jour J, 8h du matin, gros briefing du centre pour expliquer comment cela fonctionne. En effet, ce type d’avion n’est pas commun, ni en taille, ni en vitesse de largage, ni même en «exploitation». Nous serons environ 60-70 par «load» avec un ou un deux passages selon le cas. L’avion étant « commercial » nous aurons un steward et une hôtesse pour nous accompagner. Même s’ils sont équipés de parachute, ils ne sauteront pas lors de notre «load».

Prêts à sauter

L’avion fait deux largages avant 8h pour les militaires. Puis nous embarquons pour le deuxième vol «fun jumper» à 10h15. L’idée est de se placer le plus stratégiquement possible pour nous poser sur le terrain. Porte fermée, échelle rétractée, consigne de sécurité diffusée comme sur un vol commercial et roulage sur la piste. Le départ est avorté : des sautants et des tandems avaient été « oubliés »… J’adore quand un plan se déroule sans accro ! 

la magie opére

Réouverture de la porte et complément d’embarquement fini, 10h20 l’avion repart pour un décollage piste 15 pour une fois face au vent. L’avion met 9 minutes à rejoindre le niveau FL 150, soit environ 4500m. tout le monde se lève, se « check » et part en file Indienne pour sortir par la porte arrière les uns derrière les autres. La vitesse de largage est légèrement supérieure à 400km/h. C’est une pure folie avec un visuel de l’avion inoubliable, à la hauteur du rêve que j’avais depuis 16 ans. Le reste du saut se passe en amoureux à la cool et le posé sur zone ou presque. 

Avec une trentaine années de pratique et plus de 4000 sauts, ce saut est un des plus mémorables que j’ai pu faire…

L’avion aura fait un vol de 18 minutes sur cette rotation. Le souvenir est simplement magique. Ce fut une chance d’avoir la possibilité unique de sauter d’un avion de ligne.

Une expérience hors norme

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de sauter seul ou en tandem, je ne peux que vous le recommander. C’est une autre facette de l’aéronautique intimement liée aux avions qui est fantastique.

Note sur cet avion en particulier :

Le DC9 utilisé est immatriculé N127NK (MSN 47361). Il s’agit d’une série de vingt avions livrés à SAS en Mai 1969. En mai 1995 il revient aux Etats-Unis pour voler pour Spirit Airlines, ValueJet, Alligiant. Il sera finalement acheté par Skydive Perris en Décembre 2003 pour faire du largage de parachutistes . C’est, il me semble, le seul avion commercial qui est dédié à cette activité à ce jour.

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