Texte et photos de Bruno Berquet
De Kolwezi à Barkhane : Le transporteur tactique de l’Armée de l’Air et de l’Espace a coupé ses moteurs !
Clap de fin pour le Transall, ce vendredi 20 mai 2022, l’Armée de l’Air et de l’Espace s’est définitivement séparée de ses derniers C-160 Transall de transport. Ce fut l’occasion d’une cérémonie présidée par le général Hervé Bertrand sur la base aérienne 105 d’Évreux-Fauville.
Au programme de l’adieu à Pollux
- Une exposition statique avec deux C160 Transall, un A400M Atlas, un Xingu, un Noratlas et un C130J Super Hercule.
- Des démonstrations aériennes.
Avion de transport tactique, certains l’appelaient Pollux, du nom du petit chien au nez rond et noir d’un dessin animé des années 60. Il a été de tous les combats ou presque. Particulièrement en Afrique Francophone, il promenait par sauts de puce (1 500 km) son gros nez, sa carlingue massive et son air faussement pataud.
Un avion, une diversité de missions
Il a ravitaillé des chasseurs en vol, effectué des opérations humanitaires. Les pistes en latérite, leurs trous, leurs troupeaux de zèbres n’avaient plus de secrets pour lui. Il a connu les nuages de sable dans lesquels il se posait en rebondissant pour débarquer du personnel, du matériel. Enfin, il a permis la formation, l’entraînement et le déploiement de très nombreux parachutistes, commandos, forces spéciales, au sein des trois composantes de l’Armée française.
Le fruit d’une coopération franco-allemande
L’avion commandé par l’armée française a été créé par Transport Allianz. C’est un groupe formé avec Nord-Aviation pour la France, Weser Flugzeugbau (WFB) et Hamburger Flugzeugbau (HFB) pour l’Allemagne. Assemblé à Bourges, Brême et Hambourg, il a effectué sa première opération extérieure en 1970 (voir article dans le dernier Tarmac).
Long de 40 mètres, large de 32, avec 160 mètres carrés de surface alaire, le C-160 a participé à tous les conflits de 1970 à 2020. Congo, Sénégal, Centrafrique, Djibouti mais aussi Sarajevo ou l’Afghanistan où il a tutoyé son altitude plafond.
Un symbole chargé d’histoire
Le C-160 a permis d’écrire une grande partie de l’histoire moderne du transport aérien tactique Français. Il a participé au parachutage du 2ème Régiment Etranger Parachutiste sur Kolwezi (RDC) en 1978. Il ne termine que très récemment sa carrière opérationnelle à N’Djamena (Tchad), où il effectuait des rotations cargos. Ainsi, depuis son entrée en service en 1967, il a accumulé 1 450 000 heures de vol. Cet avion robuste a participé à toutes les opérations militaires et humanitaires françaises.
Un dernier hommage
C’est également un symbole pour d’anciens militaires et anciens conscrits. À une époque où les vols civils n’étaient pas aussi démocratisés qu’aujourd’hui, le déploiement en opération extérieure via un C-160 était pour beaucoup un synonyme de premier vol.
Après une dernière tournée de prestige, l’Armée de l’Air et de l’Espace lui a rendu un dernier hommage sur la base militaire d’Evreux. Avec à la clé une démonstration en présence de son prédécesseur, le Noratlas, et de son successeur l’Airbus A400M. Pour l’occasion, une formation de quatre avions a effectué des passages au-dessus de la base. Cette formation comprenait le Transall spécialement repeint, les deux successeurs des Transall, à savoir un A400M Atlas et un C-130J Super Hercules, et enfin un Casa CN-235. Ce dernier vol était aussi l’occasion d’un dernier saut.
La relève est là
Aujourd’hui, l’Airbus A400M porte trois fois plus loin, trois fois plus lourd. Le Transall appartient à une époque révolue, à l’heure du soldat augmenté, de l’interopérabilité des armes, de l’électronique de pointe. Perd-on en rusticité ce que l’on gagne en modernité ? Impossible de le faire admettre par les militaires en activité qui louent à l’unisson les performances de l’A400M.
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