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Avalon Australian Airshow 2023 : Le salon du bout du monde

Texte et photos de Vincent Houssais

Début mars s’est déroulé sur l’aéroport de Avalon près de Melbourne, un salon aéronautique international bisannuel dont l’édition 2021 avait été annulée en raison de la pandémie. Cela avait d’ailleurs perturbé à l’époque les commémorations de la Royal Australian Air Force qui fêtait son centenaire.

Drapeau de la Royal Australian Air Force

Sunset Airshow

Ce rassemblement, dont les trois premiers jours étaient réservés aux professionnels et les trois derniers accessibles au public offrait une particularité assez rare dans ce genre de meeting. En effet le premier jour d’ouverture au public, le vendredi, donnait la possibilité d’assister à des démonstrations nocturnes des aéronefs jusqu’à 21 heures. De quoi se permettre d’effectuer quelques clichés très photogéniques au soleil couchant. L’orientation à l’ouest n’étant par ailleurs pas un atout en journée, car les photos se faisant à contre-jour.

L’US Air Force venue en pays conquis

Sans vouloir faire dans la géopolitique, il est évident de constater que la diplomatie Américaine s’est implantée fortement dans la région Indo-Pacifique depuis maintenant quelques années. Le traité AUKUS nous rappelant douloureusement l’épisode malheureux des sous-marins Français destinés à L’Australie. Les matériels Européens comme les hélicoptères MRH90 Taipan et EC665 Tiger dont l’Australie veut se séparer ne font que confirmer ces faits.

La force aérienne de l’oncle Sam étant présente au salon avec sa panoplie complète de ravitailleurs en vol. C’est à dire son tout nouveau mais décrié KC-46 épaulé par un KC-10 et un vénérable KC-135. Aurait-elle eu l’intention de vouloir damer le pion au performant Airbus KC-30A dont les Australiens possèdent 7 exemplaires ? Un C-5 Galaxy de l’USAF à côté d’un C-17 Globemaster complétaient ces gros porteurs. Un Hercules C-130 les accompagnait. D’ailleurs, la RAAF a d’ores et déjà commandée 24 exemplaires dans sa version J. Et ceci afin de compléter ses 12 déjà acquis.

On peut noter au passage, un nouveau revers de l’A400M Européen, qui a manqué un potentiel marché avec la RAAF. Et ce bien qu’il possède d’évidents atouts dans sa technologie et sa modernité. Néanmoins, cela n’a pas entravé Airbus Military d’être présent à ce salon. Un exemplaire aux couleurs de la Luftwaffe portait ses couleurs. On pouvait aussi admirer un magnifique et très rare dans nos contrées A400M appartenant à la Royal Malaysian Air Force

La Star du salon

L’U.S Air Force ne fait pas dans la demie mesure. Elle n’était en fait venue que pour la démonstration en vol très dynamique de son F-22 Raptor. A lui seul, il avait fait se déplacer des milliers de spectateurs durant ces trois jours d’ouverture au public. Il est vrai, que la présence au statique d’un F-15 Eagle, ou la démonstration en vol des F-35 ou F-18 Australiens ainsi que le passage d’un antique B-52 le samedi ne faisaient pas le poids face à l’emblématique chasseur furtif Américain.

La Patrouille du pays du matin calme

A l’instar du RIAT à Fairford en 2022, la patrouille Sud-Coréenne avait fait le déplacement en Australie. Equipée de huit appareils KAI T-50B Golden Eagle de conception Coréenne, les Black Eagles ont offert un programme très relevé. Il est digne des meilleurs équipes de voltige Européennes ou Américaines. On pourra regretter pour les passionnés, qu’elle ne fasse pas le déplacement pour les 70 ans de la PAF. Elle préféra se rendre dans une zone plus proche de sa base au salon LIMA de Langkawi en Malaisie à la même période.

La cocarde marsupiale

Malgré la forte présence de l’USAF, on pouvait mais aussi de quelques aéronefs exotiques tels que le Kawasaki C-2. Il avait déjà fait le show au Salon de Dubaï en 2021. Il y avait aussi un F-15G Eagle appartenant à la Republic of Singapore Air Force. Mais les Australiens n’étaient pas en reste avec leur flotte très diversifiée.

Mis à part leurs Hawk et leurs PC-21, avions d’entraînements équipant leur patrouille «Roulettes», la RAAF ne possède que deux autres types d’avions Européens. Des Airbus A330 MRTT dans sa version KC-30A ainsi que des Dassault Falcon 7X pour ses liaisons. Le reste de la flotte est composée à 100 % d’appareils de conception américaine ou presque si l’on met à part le C-27J Spartan II dont Alenia est partenaire. Les chasseurs estampillés de la cocarde au kangourou se partagent entre les Boeing F/A 18F dans sa version Super Hornet ou EA-18G pour la version Growler. Le Lockheed F-35A Lightning II devrait lui représenter à terme le fer de lance de la RAAF. La commande porte sur 74 appareils .

La surveillance électronique et maritime est assurée par des Boeing E-7A Wedgetail. Des P-8A Poseidon, issus à la base du Boeing 737 les assistent. Le transport est lui assuré par une flotte d’Hercules C-130J et de Boeing C-17 Globemaster III. A noter que la RAAF possède également 2 boeing 737-700 BBJ en marge de ses Falcon 7X , Bombardier CL-600 et Beechcraft Super King Air 350.

Les voilures tournantes de la discorde

La R.A.A.F. et la R.A.N. possèdent 5 types d’hélicoptères actuellement. La flotte comprend es Boeing CH-47F Chinook, des MH-60R Seahawk. Des EC-135T2, des EC-655 Tigre ARH la complète Et enfin, elle compte des MRH-90 Taipan dont 6 exemplaires navalisés. Ce sont ces deux derniers modèles d’hélicoptères Européens que le gouvernement Australien a décidé de se séparer. Cela fait suite à d’obscurs prétextes de fiabilité et de coûts d’entretien. Malgré une proposition de mise au standart MK3 du Tigre et une solution d’amélioration pour les problèmes de corrosion sur le Taipan, les Australiens se tournent désormais vers leur allié Américain. Ils prévoient de leur acheter des MH-60 Blackhawk et des AH-64E Apache Guardian.

The Wall of Fire

La pyrotechnique au service du spectacle. En conclusion , ce que l’on peut retenir de ce salon très exotique, c’est une panoplie très exhaustive des appareils de la Royal Australian Air Force. On pourra regretter un déficit de présentation en vols de leurs voilures tournantes. La présence marquante de l’U.S Air Force, démontre fortement son influence dans la région, et son attache à l’Australie.

Mais ce qui caractérise vraiment ce show aérien, c’est l’ajout du spectacle pyrotechnique dans les présentations dynamiques. Le fameux « Wall of Fire » qu’il soit de jour ou de nuit, apporte une note très visuelle et vraiment spectaculaire. Il faut ajouter également, une mention très spéciale à la présentation en vol du rare English Electric Canberra et du Cessna A-37 Dragonfly. Ils appartiennent au 100th Squadron Australien.

Enfin, il faut noter que l’aéroport d’Avalon, accueille certaines compagnies Low Cost, comme JetStar Australia, équipée tout Airbus, ou la nouvelle Compagnie Bonza en Boeing 737 Max-8. Il n’a pas interrompu son trafic durant ces six jours de show aérien. Cela laissait au passage, l’opportunité aux nombreux spectateurs d’admirer entre deux chasseurs par exemple, l’atterrissage d’un Airbus A321 Neo flambant neuf de JetStar. Il y a eu aussi la démonstration en vol, par un équipage entièrement féminin, d’un Airbus A330 de Qantas.

Avalon accueillera le prochain Australian International Airshow fin mars 2025.

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