Texte et photos par Spotair
(Pour des raisons de sécurité évidentes, je ne citerai aucune identité dans cet article, ni de lieu précis).
Non, ce n’est pas un nouveau forfait de téléphonie mobile…. Mais les services d’interventions du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) sur le site du Section Aérienne de Gendarmerie (SAG) de Toulouse qui nous offrent l’opportunité de les rencontrer. Rendez-vous, donc, sur le site de Francazal, au sud de Toulouse, où le personnel de la SAG nous accueille.
A peine arrivé, déjà parti…
Après un petit café offert par les gendarmes, nous migrons vers LA machine bleue . Un EuroCopter EC-135 T2, un biturbine léger polyvalent équipé de caméra thermique, d’un phare de recherche et d’un treuil nous attend.
Séance photo privilégié de la bête en statique et échanges avec le pilote, le mécanicien avionique et technicien hélitreuillage. En pleine concentration : réglages de l’ouverture pour un beau flou d’arrière-plan, un cadrage dynamique….. Des images de Com et de plaisir en perspective.
Alarme, alarme
Malgré notre présence, la section reste opérationnelle. Le SAG Toulouse est appelé d’urgence pour un refus d’obtempérer et délit de fuite.
On stoppe les photos, on s’écarte. Les gendarmes s’équipent. Mise en route de l’hélico et décollage. Nous voilà seul… Pas pour longtemps. Au loin, 2 vans noirs aux vitres teintées s’approchent. Les hommes du RAID arrivent.
La Section Aérienne de la Gendarmerie de Toulouse
La SAG de Toulouse est opérationnelle de jour comme de nuit, en 24/7, comme la trentaine de SAG réparties sur tout le territoire français. Leurs missions : appui aérien dans les opérations de maintien de l’ordre (constatations, interpellations), de sécurisation (surveillance, reconnaissance, renseignement). Mais ils assurent aussi des missions de sécurité routière (infraction, état du trafic) et de secours (en montagne) et assistance.
RAID ou d’après leur devise « Servir sans Faillir »
Unité d’intervention spécialisée de la police nationale qui contribue à la lutte contre toutes les formes de criminalité et de terrorisme sur l’ensemble du territoire français avec 14 antennes. Installée dans la banlieue de Toulouse depuis 2017, cette brigade d’une vingtaine de policier est une des plus actives de France. Ils sont équipés d’armements, de véhicules et d’engins spéciaux afin de mener à bien leurs missions.
Plus qu’une équipe, cette famille d’élite est mobilisable partout sur le territoire français dans des délais extrêmement court.
Leurs missions : l’intervention à l’occasion de troubles graves à l’ordre public nécessitant des techniques et moyens spécifiques ; expertise et intervention pour la prévention et la répression du crime organisé et du terrorisme ; protection des personnalités importantes en France ou à l’étranger…
Les spécialités de chacun au service du groupe
Pour se mettre dans l’ambiance : nous avons encore tous en mémoire, l’affaire Mehra, la prise du Bataclan ou du l’HyperCasher par les terroristes. Ceux sont ces hommes qui étaient en première ligne. En attendant le retour de l’hélicoptère du SAG, les hommes du RAID viennent à notre rencontre et se prêtent au jeu des questions/réponses tout en respectant la sécurité et les données confidentielles.
Une famille et des spécialistes
Ils insistent sur l’aspect « famille » de leur groupe : ils se soutiennent, s’encouragent, s’observent, s’entrainent tous ensemble dans un cadre de bienveillance et d’amélioration continue. Tous volontaires après de longues périodes difficiles de recrutements (beaucoup de volontaire – près de 600- pour peu d’élus–à peine 6, par an), inutile de les motiver pour l’entrainement ou pour intervenir. L’aspect mental et de cohésion est primordiale.
Chacun a sa spécialité : tireur longue distance de haute précision, négociateur, spécialiste cordage, maître-chien, mannequin (rire ! ! 😉 ) …. pour servir le groupe, la mission, la Nation. Pas le droit à l’erreur. Afin de maintenir un certain standard, c’est minimum 2 entrainements par spécialité par semaine ; en y ajoutant les entrainements collectifs, également minimum 2 fois par semaine : Exercices de tirs, de combats rapprochés, d’hélitreuillages, simulations de prise d’otage, etc… C’est du plein temps.
Missions du jour : exercices d’hélitreuillages.
Retour de l’aéronef bleu à voilure tournante sur la base, les hommes en noirs s’équipent.
Casques, gilets par balles, cordages, armes de poing, fusils, …. Le paquetage peut varier entre 30 et 50 kg selon les missions. Les accessoires sont impressionnants, un vrai attirail mais uniquement le nécessaire, pas de superflu.
Cagoules mises, dernières vérifications par ses camarades…. En route vers l’hélicoptère pour le briefing de missions et les règles de sécurité.
Aujourd’hui, équipements lourds pour 2 phases d’hélitreuillage avec posés et récupérations par binômes sur 2 sites distincts : conteneurs et zone naturelles escarpées.
Embarquements, mise en place et décollage.
JM (appelons-le comme ça), le pilote nous gratifie de passages à basse altitude et virages serrés pour se positionner au dessus du point de dépose. Un par un les hommes du RAID s’accrochent au treuille et descendent ; un pied au sol, en position de sécurisation des lieux, il donne le « GO » pour son camarade. En position, l’hélicoptère retourne pour une récupération de 2 autres commandos…..
A tout juste 10 mètres au-dessus, les pales de l’hélico soufflent beaucoup d’air (c’est peu dire) ; difficile de rester debout et de maintenir une station statique pour de belles photos…. Défi relevé ! Occasion unique et exceptionnelle de faire ces prises de vues ; à quelques mètres, à peine, de l’action. Ce balai s’enchaine pendant près d’une heure, dans différentes configurations. La pluie tombe. Nous continuons….
Le vent s’invite, JM effectue plusieurs manœuvres : « ça secoue », « le vent arrière est fort ».
L’exercice est stoppé. Sécurité avant tout.
Un moment de partage
On se retrouve à l’abri dans le hangar. Nos héros du jour sont satisfaits de la manip. Encore de l’expérience prise. « On s’entraine comme au combat, on combat comme à l’entrainement », diront les militaires (cf. un pilote de chasse de la Marine 😉 )
Retours d’expériences entre nous : RAID, gendarmes, photographes …. On a tous la banane du travail accompli et des belles images à venir.
N-ième rappel du commandement: aucune image ne doit fuiter, être diffusée sans l’aval des autorités compétentes. La sécurité des hommes et le culte du secret sont en jeu.
Quelques échanges et serrages de mains plus tard, nous rangeons nos matériels et le RAID remontent dans leurs vans noirs blindés. Au plaisir les gars, c’est quand vous voulez ….
2 ans après une participation au plan ORSEC en immersion avec le GIGN et toutes les forces de secours et d’urgence, cette nouvelle opportunité avec le RAID a été incroyable.
Il n’y a pas de doutes, nos forces spéciales sont toujours prêtes et entrainées. C’est impressionnant de rigueur et de déploiement de force avec un subtil mélange de simplicité, d’humour et de générosité.
Néanmoins restons vigilant, ce ne sont pas des surhommes (quoique !, les filles , on se calme…. Je ne vise personne ; n’est-ce pas L**)
IMMENSES mercis aux personnes ayant permis cette expérience.
En cette fin de journée, « quelques irréductibles » se retrouvent autour d’une bière, avec modération, bien entendu ; pour la cohésion et le débriefing d’équipe.
Un peu d’histoire ….
L’histoire du SAG remonte à 1953. La Gendarmerie Nationale décide de se doter d’une formation aérienne pour à la fois assurer des missions de forces militaires sur les théâtres d’opération et assurer des missions de sécurité publique en tout point du territoire national. Les premiers pilotes sont formés et envoyés en Indochine.
Le 1er hélicoptère fut un Bell 47G basé à Versailles-Satory. D’Alouette II en Alouette III en 1963, ces gendarmes sont également affectés à l’escorte du président français. Initialement destinée aux secours en montagne, ces hélicoptères ont également participé aux missions d’interventions du GIGN. L es Alouette III prennent définitivement leur retraite du service en 1991. Une trentaine d’écureuil AS350 les remplacent.
En 1997, l’EC-145 arrive à la BA de Villacoublay en 2002, équipé d’un tableau de bord numérique et de lunettes à visées nocturnes. En 2009, l’EC-135 rejoint la flotte équipé d’une caméra, d’un projecteur et d’un treuil ; plus adapté aux missions de police.
Des Sections Aériennes de la Gendarmerie sont présents sur tout le territoire métropolitain et les DOM avec 29 bases, plus des bases saisonnières pour les secours en montagne.
Le SAG de Toulouse existe depuis 1957
Le RAID a été créé en octobre 1985 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Pierre Joxe. Son objectif est de répondre aux actions terroristes croissantes. Depuis 2009, le RAID est aussi entré dans une structure opérationnelle particulière visant à coordonner les actions des unités d’interventions de la police nationale (BRI et RAID). Dans un souci d’efficacité, de cohérence et d’adaptation à ces menaces, le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la police nationale ont ainsi décidé de renforcer le lien existant entre les différentes unités d’intervention de la police nationale et de les placer sous une autorité hiérarchique unique, la Force d’intervention de la police nationale (FIPN).
Aujourd’hui présent à travers toute la France métropolitaine et en outre-mer, le RAID et ses différentes implantations, avec près de 500 effectifs, peuvent intervenir rapidement sur les zones de crises. Un détachement protège également en permanence l’ambassade de France à Beyrouth.
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